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Plusieurs années auparavant, j'avais suivi mon père sur un long trajet, vers Clermont-Ferrand. Parfois il me laissait tenir le volant sur les quatre voies vides du Sud-Ouest, de longs parcours, la lande entrecoupée seulement de scieries et de garages désolés, au loin. Je conduisais de la main gauche, ma mère ne savait pas que j'étais monté devant. C'était irresponsable de sa part, mais la transgression alliée à l'excitation de la route me donnait l'impression d'être adulte, pour quelques kilomètres. Mon père en profitait pour se rouler de fines cigarettes qu'il tenait entre le pouce, l'index et le majeur. Sa langue passait deux fois sur la mince bande de colle. Il venait d'une génération qui ne s'arrêtait pas toutes les deux heures pour faire des pauses et voyageait souvent de nuit. J'avais un jour vu le comparatif d'un crash-test entre deux voitures, l'une datant des années quatre-vingt-dix et l'autre actuelle. Mon frère et sa vieille Renault n'avaient eu aucune chance. « J'ai voulu écrire l'histoire d'un homme qui court derrière un fantôme. Le narrateur se glisse dans les pas de son frère, fréquente ses amis jongleurs et tente de se fondre dans le souvenir de l'adolescent disparu, mais il n'assiste qu'aux derniers instants de beauté d'un groupe, celui des saltimbanques, voué à se dissoudre. Il y gagne pourtant des compagnons de cordée. Pour le reste, ce sont tout autant des rencontres que des instants captés au hasard de ces dernières années, ainsi que les images qui surnagent en permanence dans mon cerveau : à mon très humble niveau, j'ai été influencé par les constats brutaux et directs de Jim Harrison tout autant que par le brouillard d'enfant perdu de Patrick Modiano. » François Pieretti
Nathan a quitté très tôt le domicile familial après une querelle avec son père, laissant ses parents mais aussi son frère Gabriel de 8 ans. Lors de ses brefs retours, il ne réussit pas à rétablir le contact avec l’adolescent qu’est devenu son frère. Lorsque Gabriel se tue dans un accident de voiture, Nathan se rend compte qu’il ne sait rien de lui. Il rentre pour l’enterrement et va essayer de comprendre ce frère en marchant dans ses traces. Il va peu à peu entrer dans le groupe d’amis de Gabriel, des « saltimbanques » qui se produisent dans des fêtes l’été.
Dans cette quête de son frère on peut se demander si ce n’est pas lui qu’il cherche.
C’est un livre mélancolique et triste, tristesse des parents, tristesse du groupe d’amis de Gabriel qui finira par éclater après sa disparition, tristesse de Nathan qui erre, ne parvenant pas à reprendre sa vie d’avant.
François Picrette a su imprégner son livre d’une véritable atmosphère, parfois pesante mais bien présente grâce à son écriture fluide et précise.
Un premier livre prometteur.
Né en 1991, François Pieretti a grandi en région parisienne au fin fond de la Seine-et-Marne. Miraculeusement diplômé grâce à de nombreux stratagèmes ayant peu à voir avec l’apprentissage, il est surtout fier de son permis qui lui permet de se balader où il veut. Il aime les voix de radio tard le soir ou tôt le matin, les villes de petite taille, les rivières, observer les gens dans leur vie quotidienne, lire les romans de Jim Harrison, Julien Gracq, Patrick Modiano, Gabriel García Márquez ou Paul Auster, et passer de longs moments avec les chiens des autres, en attendant le sien. Saltimbanques son premier roman publié aux Éditions Viviane Hamy c'est un peu tout cela à la fois.
Plusieurs années auparavant, j’avais suivi mon père sur un long trajet, vers Clermont-Ferrand. Parfois il me laissait tenir le volant sur les quatre voies vides du Sud-Ouest, de longs parcours, la lande entrecoupée seulement de scieries et de garages désolés, au loin. Je conduisais de la main gauche, ma mère ne savait pas que j’étais monté devant. C’était irresponsable de sa part, mais la transgression alliée à l’excitation de la route me donnait l’impression d’être adulte, pour quelques kilomètres. Mon père en profitait pour se rouler de fines cigarettes qu’il tenait entre le pouce, l’index et le majeur. Sa langue passait deux fois sur la mince bande de colle. Il venait d’une génération qui ne s’arrêtait pas toutes les deux heures pour faire des pauses et voyageait souvent de nuit. J’avais un jour vu le comparatif d’un crash-test entre deux voitures, l’une datant des années quatre-vingt-dix et l’autre actuelle. Mon frère et sa vieille Renault n’avaient eu aucune chance. Nathan revient dans sa famille, qu’il a quittée précipitamment il y a une dizaine d’années, pour assister aux obsèques de son jeune frère Gabriel. Il ne l'a finalement que très peu connu.
Saltimbanques c'est l’histoire d’un homme qui revient au pays et qui court derrière un fantôme. Le narrateur se glisse dans les pas de son frère, fréquente ses amis jongleurs et tente de se fondre dans le souvenir de l’adolescent disparu, mais il n’assiste qu’aux derniers instants du groupe, celui des Saltimbanques, voué à se dissoudre. Nathan tente de se fondre dans la peau de Gabriel pour connaître ce frère dont il n'a qu'une vision floue et de se créer des souvenirs qui n'ont jamais existé. Nathan poursuivra son chemin. Son errance le mènera à Christian et sa fille Marie mais également à un chien. Christian malade est au bout du chemin de la vie. Il échange beaucoup avec Nathan, ce qui permet à ce dernier de mieux se connaître. Et si finalement c'était lui-même que Nathan cherchait ?
François Pieretti aime observer le temps qui s'écoule. Il aime cueillir au gré de ses déplacements tous ces petits instants tellement révélateurs. C'est justement sur le chemin de ceux-ci qu'il promène le narrateur. Lentement Saltimbanques se dévoile au gré des rencontres et des introspections. Le tout est saupoudré de mélancolie et délicieusement servi par la belle plume de l'auteur. Pour autant et bien que l'éloge de la lenteur ne soit plus à faire, la lente errance existentielle de ce grand frère m'a quelque peu décontenancée. Je suis restée en rade au bord de la départementale.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2019/08/mon-avis-sur-saltimbanques-de-francois.html
Clap de fin pour la première session 2019 des "68 Premières fois". Et, quel final ! Le premier roman de François Pieretti, "Saltimbanques", m’a transportée, émue aux larmes, remuée, troublée, enchantée. Je viens de tourner la dernière page et je ne sais pas comment vous dire, je ne sais trop par où commencer. Bref, je suis sans voix.
Pourtant, quelques mots continuent de me trotter dans la tête :
- Frère : Nathan, l’aîné quitte très jeune la maison familiale, lassé des relations difficiles qu’il entretient avec son père. Outre ses parents, il laisse derrière lui son petit frère Gabriel, huit ans, pour partir vivre sa vie à Paris. On ne peut pas dire que cette vie soit magnifique, faite de petits boulots, sans véritables amitiés. Il lui arrive de revenir mais Gabriel semble avoir tiré un trait sur l’absent. A chaque retour de ce dernier il s’arrange pour déserter. Mais "Saltimbanques" c’est aussi, nous allons vite le constater une histoire de frère de cœur, tel Bastien qui connaissait bien Gabriel "Bastien ressemblait à un frère d’armes dans la déroute".
- Deuil : Lorsque le roman débute, Nathan est à nouveau en route vers les siens. Mais cette fois, Gabriel aura définitivement disparu. Il s’est tué dans un accident de voiture. Il avait dix-huit ans, venait de passer son bac et ne saurait jamais s’il l’a obtenu ou non. Nathan ne va avoir de cesse de rencontrer ce frère qu’il ne connaît plus, d’essayer de comprendre qui il était. "Il fallait que je parte à la recherche de Gabriel. Tout sauf cette vision floue de l’enfant frondeur qu’il n’était plus depuis longtemps." C’est à un travail de deuil que nous convie l’auteur.
- Amour : L’amour m’a semblé présent partout. L’amour parental mal exprimé, souvent tu même, caché dans les recoins. L’amour fraternel d’un grand pour un petit, trop inconnu. L’amour charnel pour Appoline, aimée, désirée de tous, y compris de Nathan, elle amoureuse de Gabriel. Des amours malheureuses, compliquées, niées, laissées à l’abandon.
J’ai aimé ce roman pour ses personnages, tous cabossés par la vie, et particulièrement Nathan qui semble survoler la vie, indifférent à tout et pourtant…. Une galerie majestueuse d’hommes et de femmes qui se battent pour vivre tant bien que mal, qui aiment mal, qui vivent mal mais qui avancent. Je l’ai aimé pour l’absence de pathos. Tout est fin, élégant dans l’expression du chagrin des uns et des autres, digne, tout en retenue. Je l’ai aimé pour ces "Saltimbanques", troupe dans laquelle Gabriel a trouvé sa voie, une famille, troupe qui accueille Nathan dans sa recherche du passé. J’ai aimé l’écriture de l’auteur, fluide, belle, toujours nuancée.
Ce roman m’a bouleversée, au point de ne pas mentionner un petit bémol, le séjour breton. Marie, Christian, le chien et tout le reste, un moment hors du temps, de l’histoire, mais peut-être était-ce un passage obligé entre la mort et la vie.
Un premier roman superbe qui m’a laissée, le temps de sa lecture, les larmes au bord des yeux mais un immense plaisir de lecture.
https://memo-emoi.fr
Encore une découverte des 68ères fois, un roman de deuil autant qu'initiatique...Comment retrouver un lien avec un frère mort parce que défoncé, alors qu'on l'a laissé enfant dans une famille peu propice à l'épanouissement. Entre une mère effacée et un père taiseux, tout deux terrassés par le chagrin, il est difficile pour le narrateur de trouver une place même s'il cherche à se couler dans la vie de son petit frère.
La rencontre avec un homme en fin de vie, touché par la maladie d Alzheimer, permet de nouer les derniers fils.
Je n'ai pas compris la fin, l'enjeu du texte et de se recherche effrénée de vérité et éparse.
Suite au décès accidentel de son frère, Nathan veut rattraper le temps perdu loin de lui. On suit donc son cheminement pour essayer de se rapprocher de ce quasi inconnu. Pour se faire, il s’immisce dans le cercle fermé de ses anciens acolytes.
Et là, il entre dans l’ambiance féérique qui règne autour de ce groupe d’amis. Débordant d’insouciance, elle souffle un vent de liberté sur le livre. On a envie de laisser nos problèmes de côté et de tracer la route aux côtés de cette jeunesse désinvolte. Le narrateur, envoûté par les différents phénomènes qu’il rencontre, se livre aussi corps et âme à cette communauté. Il découvre le monde du cirque, un monde hors du temps et de la réalité.
Mais cette histoire est aussi celle d’un deuil. Il plane sur les protagonistes. Ils vivent tous cette disparition de manière différente. Certains s’enferment dans le chagrin, d’autres se mettent en danger pour oublier leur culpabilité, et d’autres encore, continuent leurs vies comme si de rien de n’était. N’ayant que peu de souvenir de son passé, le héros va chercher sa tristesse auprès des autres.
L’auteur s’attarde également sur les liens du sang qui lient les êtres malgré eux. Nathan le solitaire, ressent le besoin de s’unir à son cadet, même après sa mort, comme s’il avait fallu ce drame pour le rappeler à l’ordre.
Le premier roman de François Pieretti trouve sa force dans l’atmosphère et les sentiments qu’il sait parfaitement retranscrire. Grâce à une plume adaptée au récit, il fait vivre au lecteur une expérience d’immersion dans un univers à part, où tout est atemporel. Au milieu des jonglages, des roulades, des envolées, des flammes, le lecteur est emporté dans une multitude d’émotions qui reflète la puissance des rapports familiaux et amicaux. « Saltimbanques » est un livre à la fois triste et aérien. C’est un long chemin de douleur vers un retour à la réalité !
http://leslivresdek79.com/2019/04/19/452-francois-pieretti-saltimbanques/
Nathan revient auprès de ses parents, qu'il a quitté il y a une dizaine d'années. S'il accepte ce retour en arrière, auprès d'un père silencieux et froid, et d'une mère effacée, c'est pour enterrer son petit frère. Gabriel vient de mourrir dans un accident de voiture... Au delà du chagrin, c'est la culpabilité de n'avoir pas vu grandir ce frère qui assaille Nathan...
Une fois encore, si les 68 premières fois n'avaient pas mis ce roman entre mes mains, je n'aurais pas croisé la route de François Pieretti.
Avec ce premier roman, l'auteur nous entraîne aux côtés de garçons et de filles perdus, pour qui la mort vient de frapper sans prévenir et faire éclater un quotidien qu'ils croyaient infini.
Nathan, le grand frère, est lui aussi dévasté par ce deuil impossible. Comment accepter de laisser partir Gabriel, les souvenirs qu'il a de cet enfant solitaire, les regrets et l'impression de l'avoir abandonné. Touchée par ce personnage, je l'ai suivi sur le chemin sinueux du retour à la vie...
C'est en épaulant un homme condamné par la maladie que Nathan apprivoise la disparition et le vide que laissera à jamais son petit frère... Savoir que cet homme va mourir ne rend pas l'absence plus facile, mais cela permet d'adoucir les souvenirs...
Un roman à l'écriture émouvante...
Nathan n’a jamais vraiment connu Gabriel ce petit frère qui disparaît dans un accident de voiture à 18 ans. Il ne l’a même jamais vu grandir puisqu’il a quitté le domicile familial depuis dix ans. Aujourd’hui, malgré tout ce qui le sépare de ses parents, Nathan est revenu pour enterrer son frère. Mais comment peut-on faire son deuil d’un inconnu, dans une maison où rien ne vous le rappelle, ni sa vie, ni son enfance, et surtout que retenir d’un adolescent qui n’est au fond qu’un étranger ?
Arrivé dans le sud-ouest de son enfance, il y fait un temps d’enterrement et l’ambiance n’est pas propice aux confidences. Nathan cherche malgré lui les traces de vie de ce frère inconnu. Il essaie de s’approcher d’une bande de jeunes gens, les amis de son frère. Une fille en particulier va l’attirer, la jolie Apolline.
Au contact d’Apolline et des autres, il découvre des pans de vie de son frère. Dans ce groupe d’ados qui joue les saltimbanques, Gabriel savait jongler comme personne, pilier du spectacle que la troupe doit donner pendant l’été. Cette troupe de jeunes est aussi déboussolée que Nathan et doit affronter la mort de leur ami à l’âge où la vie s’ouvre devant eux, c’est une cruelle épreuve.
Repartir à Paris, rester auprès de la belle et mystérieuse Apolline et de Bastien, même s’il ne trouve pas sa place ? Nathan va se poser, le temps d’aimer, de douter, d’apprendre à connaître celui qui n’est plus, au contact de ces jeunes qui auraient pu être ses amis. Et si, de rencontres en questionnement, de fuite en errances, c’était lui-même que Nathan réussissait à trouver enfin ?
Écrit sans pathos, sans tristesse au fond, malgré les temps qu’il évoque, ce roman interroge doucement avec émotion et délicatesse sur le temps qui passe, sur la quête de l’autre et de soi, sur ce que peut signifier réussir une vie…
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/04/13/saltimbanques-francois-pieretti/
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