"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une gamine qui s'enfuit de chez ses parents par le balcon, avant de trouver refuge au milieu des rats, dans une carrière abandonnée. Une autre fille, presque du même âge, qui lui porte secours. Deux adolescentes aux idées courtes et au moral d'acier, possédées d'une fureur de vivre à la mesure de l'enfer qu'elles ont dû traverser. La nuit où elle a sauté par la fenêtre, Véronique Bangoura venait de tuer son père avec son arme de service. On n'est pas raisonnable quand on a quinze ans. Cependant, un mystérieux individu en saharienne indigo la pourchasse de boîte de nuit en boui-boui, et la fugitive éprouve la sensation que tout le monde connaît son secret, qu'elle devra le payer un jour. Révélation après révélation, c'est tout un pan méconnu de l'histoire contemporaine de la Guinée qui se dévoile dans cette chevauchée hallucinée, conduite de main de maître par Tierno Monénembo.
Voix puissante de la littérature francophone d'origine africaine (cf. en particulier « Le terroriste noir », magnifique portrait d'un tirailleur sénégalais) , le Guinéen Tierno Monénembo s'est glissé dans la peau d'une femme pour composer son quatorzième roman.
C'est du côté de la rue Mouffetard dans le 5ème arrondissement de Paris que commence, de manière un peu sibylline, « Saharienne Indigo ».
La narratrice Véronique Bangoura pousse un fauteuil roulant dans lequel gît un homme tout en invectivant une certaine madame Corre qu'elle prend pour une diseuse de bonne aventure. Celle-ci lui enjoint d'écrire un livre car, ayant vécu en Guinée pour des raisons que je préfère ne pas divulguer, elle veut soulager sa détresse. Des confessions croisées et des destins parallèles des deux femmes naîtra une belle amitié.
Sur plus de trois cents pages, nous allons démêler avec la conteuse les fils de son passé et de ses secrets.
Du jour où, à quinze ans, elle s'échappe de la maison de son enfance après avoir occis son père qui venait de la violer. Celle dont le vrai nom est Néné Fatou Oularé alias Atou croise sur le chemin de sa fuite une fille de son âge et sa tante. Elles seront sa famille de cœur et sa protectrice.
En suivant Atou-Véronique dans ses pérégrinations semées d'obstacles comme dans un conte, c'est toute l'histoire récente de la Guinée qui se dévoile avec en point de mire le régime sanguinaire de Sékou Touré et son Camp B de sinistre mémoire.
Par la grâce d'une écriture sensorielle qui fait la part belle aux odeurs et aux couleurs, d'une plume fébrile qui donne parfois le vertige et d'une construction chaotique pour mieux souligner le désordre de l'existence d'une héroïne persuadée qu'elle est faite pour le malheur, Tierno Monénembo nous offre un récit salvateur sur la mémoire et sur la nécessité de dompter le passé pour apaiser la souffrance et la colère, renouer avec son identité et exalter la vie.
EXTRAITS
La vie est le seul livre où tout est écrit.
Il faut croire que c'est l'Homme et non le bon Dieu qui a inventé la pénitence : vivre et passer sa vie à se le reprocher, inventer la drogue et coffrer les toxicomanes, cultiver la vigne et honnir les alcooliques.
Il est là, ce truc que l'on appelle « bonheur », là à portée de main, gratuit pour tous. Pourquoi personne n'arrive à le capter ?
Ce n'est pas la mémoire qui nous guérira mais la drogue dure de l'amnésie, la fin de la fin, le lit douillet du néant.
La seule question qui vaille : comment concilier le sexe, l'alcool et la foi ?
Ils ont fait de cette Terre un immense camp de concentration.
C'est toujours d'un léger décalage, d'un infime contretemps que naissent les tragédies.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !