Découvrez le nouveau roman de Christian Oster Rouler publié aux éditions de l'Olivier.
Sur un coup de tête, Jean s'en va. Il prend la route. Le sud de la France lui apparaît comme une promesse, ou peut-être pas. Il choisit des itinéraires peu fréquentés, ne croise que des silhouettes. Il veut atteindre la mer, Marseille peut-être. Rouler. Partir en cavale, fuir une vie monotone. Vivre au hasard des rencontres et attendre, attendre de voir de quoi demain sera fait.
Il faut une grande maîtrise pour faire un livre aussi plat. Jean a pris la route suite à un problème personnel évoqué en milieu de livre. Il rencontre des personnages médiocres, des auto-stoppeurs, un couple d'agriculteurs et un ami de lycée auquel il n'avait pratiquement jamais parlé.
Tout semble dérisoire. Les descriptions de paysage sont simplistes, les personnages sont d'une banalité affligeante.
" Je me prenais à me demander combien on était comme ça, lancés au hasard sur de trajectoires absurdes."
Certes, il y a une forme d'humour lié à l'incongruité de certaines situations ou à certains personnages. Mais je regrette que l'auteur n'ait pas du tout creusé le personnalité et l'état psychologique du héros et des gens qu'il rencontre. On ne sait pas vraiment pourquoi Jean fuit, pourquoi Claire est si blasée, pourquoi les Jordan se disputent. Les attitudes restent au niveau du constat.
Le style est assez lourd, avec de nombreuses propositions subordonnées et des discours passifs.
Toutefois le ton, bien que dans un registre dépressif, peut plaire à certains lecteurs grâce au détachement et à l'humour de situation.
Je ne connaissais rien de Christian Oster autre que son nom mais l'argument de son dernier roman m'a donné l'envie de le lire, aimant "rouler" sur les routes départementales à la découverte des paysages de France, notamment du Massif Central. Le parcours me convenait donc : Paris - Riom - Allanche - Saint Flour - Chaudes-Aygues - Saint Chély-d'Apcher - Mende... direction Marseille, « […] Marseille s'était peu à peu imposé à moi comme mot, et non prioritairement comme destination. J'ignorais comment Marseille, donc, l'avait emporté sur Nice, comment sa sonorité avait pris le devant, mais c'était un fait, je me dirigeais actuellement vers la sonorité de Marseille. » Vous l'aurez compris : film, ce récit se serait appeler "road movie"... Va donc pour "road novel", un vagabondage d'un point à un autre, sans itinéraire préconçu, sans "road book" (!), au hasard des croisements et des rencontres. On ne sait pas grand-chose ni des raisons qui poussent le narrateur à partir, ni de son projet quand il aura atteint la mer. Peu importe, son plaisir est au hasard, le nôtre dans le récit au fil des kilomètres. Il se dévide au travers d'une écriture minimale, fluide, à la va comme je te pousse (des "qui", des "que", des "bien que", alors que, sauf que... à la chaîne), récit (à la première personne) et dialogues en continu. Pas un voyage inoubliable mais une chouette balade... Ah, le Cantal, la Lozère !
Un jour, un homme, le narrateur, Jean, monte dans sa voiture et prend la route vers le sud, vers Marseille. Il prend les petites routes, refuse les autoroutes. Il rencontre des gens, les prend parfois dans sa voiture. Se perd au hasard de promenades à pieds, et se retrouve à demander de l'aide à des habitants. Rouler est un road-movie sur les routes de la campagne française.
Une fois que j'ai fait le résumé, j'ai tout dit du livre de Christian Oster, je peux remballer !Je développe un peu quand même. On peut trouver de beaux passages, une écriture changeante en fonction de l'activité de Jean :
- plutôt des phrases courtes lorsqu'il s'agit de ses actes : "J'ai pris le volant un jour d'été, à treize heures trente. J'avais une bonne voiture et assez d'essence pour atteindre la rase campagne. C'est après que les questions se sont posées. Après le plein, j'entends. En même temps, c'était assez simple. Comme j'avais pris la direction du sud, je me suis contenté de poursuivre. Je voulais juste éviter Lyon, de sorte que je me suis retrouvé à la tombée de la nuit perdu quelque part dans le Massif central." (p.9)
- et des phrases nettement plus longues lorsqu'il s'agit de ses interrogations, de ses doutes : "Quant à Claire, je ne savais trop quoi en penser non plus. Agréable à regarder, sans doute, me disais-je, plus qu'à entendre, quand elle veut bien ouvrir la bouche, une sorte de franchise, également, qu'il m'a semblé déceler dans le coup d'oeil qu'elle m'a jeté tout à l'heure, mais quelque chose aussi, me disais-je encore, qui échappe, ou qui s'échappe, et qu'on n'identifie pas, qui la pose comme exactement à côté d'elle-même, à la manière d'une soeur boudeuse, laquelle n'en penserait pas moins." (p.50/51)
Mais cette écriture qui fait que j'ai tenté de résister à la tentation ultime de refermer ce livre devient assez vite rengaine, litanie. Par exemple, la phrase qui suit directement celle que je viens de citer ; attention : respiration avant de lire ! Êtes-vous prêts ? Je cite : "Enfin, songeais-je, avec elle je pourrais peut-être passer une heure, à l'observer, surtout, si j'avais besoin de dépaysement, mais ai-je besoin de dépaysement, ne suis-je pas assez dépaysé, déjà, n'ai-je pas mon compte de dépaysement, ne souhaité-je pas tout simplement me retrouver avec moi-même, me disais-je, dès lors que je ne m'arrête plus nulle part, désormais, et que je ne m'inflige plus mon poids à l'état de repos." (p.51)
Je vous promets, je jure et je crache que je n'ai fait que restituer le texte exact, répétitif, pas forcément adroit. Ne serait-ce la longueur de la phrase on dirait presque du C. Angot. D'ailleurs, le parallèle n'est pas si idiot -là, se cache une sorte de compliment déguisé, à peine, à moi-même, saurez-vous le découvrir ?-, puisque j'ai entendu certains journalistes dithyrambiques sur ce livre de Christian Oster comme ils le sont sur ceux de sa camarade de plume (P. Clark, entre autres, pour ne pas la nommer sur France Inter). Mais que trouvent-ils à ces écrivains qui hésitent, qui font des phrases mal tournées et qui écrivent des livres ennuyeux et creux ? Parce que celui-ci, à part, un carnet des routes que Jean emprunte, je ne vois pas ce qu'il apporte. Les personnages sont vides, jamais vraiment déterminés. Ce ne sont qu'interrogations vaines sans réponses. Si par hasard, vous voyez ce livre, n'hésitez pas, prenez celui d'à côté, l'Atlas des routes du sud de la France (ça doit bien exister, non ?) : vous aurez le même itinéraire, mais les cartes en plus !
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