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Rouge

Couverture du livre « Rouge » de Hovik Afyan aux éditions La Peuplade
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  • Court roman étonnant que ce « Rouge » d’Hovik Afyan, quarantenaire arménien qui publie son premier roman. La poésie court tout au long de ces petites scènes de temps de guerre. L’intemporalité règne tout au long du récit, comme si la guerre ne se terminait jamais pour la population de ce petit...
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    Court roman étonnant que ce « Rouge » d’Hovik Afyan, quarantenaire arménien qui publie son premier roman. La poésie court tout au long de ces petites scènes de temps de guerre. L’intemporalité règne tout au long du récit, comme si la guerre ne se terminait jamais pour la population de ce petit village de Yerdjankahovit en Arménie, un combat incessant, usant qui semble ne devoir jamais s’arrêter.

    Aram et Arous mariés depuis vingt-trois ans, s’aiment, s’aimaient, ils ne savent plus très bien. Ils sont partis en voiture (rouge bien sûr) en Haut-Karabakh à la frontière de leur pays pour faire le point sur le couple, définir les nouvelles frontières de leur devenir
    .
    Lui, Aram, peint, l’art est sa liberté personnelle. Tout du moins, les couleurs autres que le blanc ou le bleu qui lui rappellent par trop les couleurs de la maison de son enfance. Maison qu’il a quittée, « les autres teintes représentent l’extérieur, son rêve, ses ailes pour voler ».

    Elle, Arous, se plait à tourbillonner, à danser, belle et légère comme les fleurs sur cette frontière qui se balancent dans le vent. « Les fleurs sont belles à la frontière car là elles n’appartiennent à personne, et tous ont peur de les cueillir, si belles que le soleil s’était penché vers elles et avait décidé de dormir dans leurs bras, ce jour-là ».

    Le souci, c’est que le couple n’a pas pu avoir d’enfant, les médecins ont dit qu’Aram avait des problèmes. Mais après tout est-ce bien la cause ? Est-il judicieux d’avoir des enfants en temps de guerre ? « Arous était certaine à l’époque, comme elle l’était aujourd’hui, que les enfants devaient être tenus à l’écart de la guerre, qu’ils soient morts ou vivants. Il faut les déplacer ailleurs et seulement après commencer la guerre si cette dernière est inévitable. Aucun enfant ne devrait être responsable des actes de ses parents, aucun enfant ne devrait être enchaîné par l’obligation de continuer l’œuvre de ses parents ni par le besoin sanglant de vengeance. Il faut produire des rideaux noirs et opaques pendant les guerres et couvrir toutes les fenêtres des pièces où vivent les enfants. Peu importe qu’ils ne voient pas le soleil, pourvu qu’ils ne voient surtout pas la guerre. Arous était persuadée que chaque guerre, quelle que soit la région du monde où elle se déroulait et la raison pour laquelle elle était menée, qui avait raison et qui avait tort, était le résultat de l’incompétence des parents, la plus grande erreur de l’éducation des pères. Si tu veux que ton fils ne voie pas la guerre, pourquoi ne déposes-tu pas les armes, ô insensé ! »

    Scènes de vie de ce petit village, parfois douces comme le thé sucré, mais souvent cruelles. Où s’animent des personnages parfois surprenants ou attachants, tels Frounze, unijambiste victime d’un autre conflit, qui veille sur la communauté, tel un ange gardien, pendant que les hommes sont sur le front ou bien Leila la petite azerbaïdjanaise et Vahag le petit arménien, Roméo et Juliette des temps modernes victimes de la folie des hommes et bien d’autres encore.
    La noirceur et la cruauté se dilue dans la beauté de l’écriture d’Hovik Afyan. Chapeau bas Monsieur l’écrivain, vous nous feriez presque oublier l’horreur des conflits.
    Chaleureux remerciements à Alexandre de l’Agence Trames et aux Editions La Peuplade pour cette jolie lecture.

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