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Publiées entre avril et août 1982 dans l'éphémère REVUE éditée par le Théâtre de la Commune d'Aubervilliers1, ces Rêveries d'un montreur d'ombres de Jean-Michel Palmier relèvent d'une double filiation. La première filiation est strictement éditoriale puisque les thèmes développés dans cet ensemble d'articles ont pour origine les fragments intitulés « Berliner requiem - ou les ruines de Weimar dans les ruines de Berlin » donnés à lire en 1975 dans la revue Cause commune2. A cette première esquisse succèdera la publication de Berliner requiem en 1976 (éd. Galilée), ouvrage remanié et augmenté en 1989 sous le titre Retour à Berlin (éd. Payot). Parues dans l'intervalle, les Rêveries d'un montreur d'ombres reprennent et annoncent certains paragraphes présents dans chacun de ces deux livres, soit la majorité des parties consacrées dans cet article à, Berlin et au souvenir de la République de Weimar3. L'étude du manuscrit original conservé à l'Imec ne montre d'ailleurs pas seulement ce travail de tissage à l'oeuvre à partir de « sources » préexistantes mais surtout l'importance des parties inédites qui, essentiellement tournées vers l'expérience de l'enseignement, confèrent à ces « Rêveries » une place à part dans les écrits de Jean-Michel Palmier. A cette filiation éditoriale se greffe une autre forme de filiation, intellectuelle cette fois et tout d'abord incarnée par les figures de Jean Duvignaud, de Paul Virilio et de Georges Perec à qui Jean-Michel Palmier doit d'avoir publié ces premiers textes à teneur plus autobiographique. L'évocation de Martin Heidegger et de Ernst Bloch, de ces rencontres fondamentales qui ont déterminé les champs d'investigation multiples abordés par Jean-Michel Palmier, met d'autre part en relief un moment fondateur pour cette filiation intellectuelle, moment relaté à l'intérieur même des « Rêveries d'un montreur d'ombres ». Mais c'est à un troisième aspect de l'idée de filiation intellectuelle que l'on doit le caractère assurément singulier de ce texte puisque Jean-Michel Palmier y aborde son rapport à l'enseignement, le jeu des échanges comme des fascinations né au contact de ses nombreux étudiants. Interrogeant son rôle de passeur, d'éveilleur des consciences, Jean-Michel Palmier développe ainsi dans les « Rêveries d'un montreur d'ombres » une réflexion sensible aussi bien que distanciée sur cette volonté de
transmettre et de partager qui l'a toujours animée, dessinant à cette occasion les contours d'une communauté imaginaire liée par les mêmes passions comme par cette filiation supplémentaire : avoir été dans l'accueil et à l'écoute de la parole offerte par Jean-Michel Palmier, dans l'accueil et à l'écoute de ses rêveries.
(Florent PERRIER)
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