Macha, jeune esthéticienne slave d'une grande beauté, native de Gork, village perdu au beau milieu des forêts de bouleaux entre Moscou et Saint-Pétersbourg cherche en vain à quitter la Russie et rejoindre l'Europe et ses fastes.
Attirée par l'artifice, l'esthétique et les parfums, ses rencontres amoureuses lui permettront une fuite hors des terres arides et la réalisation pour quelque temps de ses rêves de luxe et de confort. Mais la précarité ne la lâchera pas et la vie lui jouera de mauvais tours et anéantira ses projets. Autour de Macha gravitent des personnages féminins attachants : la vieille ouvrière de la scierie, Véra, la comptable, (la narratrice, ouvrière à l'usine de transformation du bois, qui toute sa vie a vécu dans son village, Gork « au beau milieu de forêts de bouleaux, avec pour tout horizon des scieries à perte de vue », alimentée en informations par le facteur et ensuite par la belle petite Macha à laquelle elle s'attache comme une grand-mère).
Ludmila, mère de Macha, l'amie de coeur Gaia (Ludmilla qui ne fait qu'apparaître, mais dont l'auteure prend le temps de nous conter l'histoire d'amour et la tragédie de sa vie, son espoir c'est la petite Macha, devenue femme et reine.). Ces trois femmes nous entraînent chacune à sa manière dans ce pays étrange. Villages isolés du monde et villes au grand luxe éclatant comme une insulte à la misère et aux jeunes filles qui n'absorbent que du thé pour rester minces et conserver toutes leurs chances d'être les élues, celles qui s'en sortiront, partiront de cet enfer glacial où les êtres meurent sans avoir vu la douceur et la mer.
Macha au coeur trop grand, au regard trop profond, aux rêves d'évasions qui dépassent les forêts de sa terre natale par delà les océans. Remarquée par Emmanuel cet élégant aux gestes si doux, si sincères est conquis. Macha et son amour de la vie luxueuse qu'elle confond effrontément avec l'amour pour cet homme. Happée, tétanisée par l'abondance de l'Europe elle veut tant être de cette société et l'Europe la rejettera sur les rives de ses forêts.
Vera nous dit : « C'est l'Europe qui a tué Macha, c'est l'Europe qui l'a conduite au suicide, à se donner la mort comme une bête dans cette étable à côté de la scierie ». Mais pourtant l'amour est là dans ces pages aussi lumineuses que la neige qui recouvre les bouleaux de Gork l'hiver, et cet amour va des femmes aux femmes, filial et solide il peut tout encaisser, tout pardonner, il peut bercer avec tendresse tous les chagrins et quand il va des femmes aux hommes il devient tragique. Ne manquez pas ce rendez-vous avec ces trois femmes qui vous conduisent comme des fées au travers de leur humanité de villageoises.
Car tout est là à Gork, village perdu dans les forêts. Ce conte de femmes en hiver est aussi, pour l'auteure, une mise en garde sur la société de consommation, univers aseptisé que l'on retrouve sur les pages glacées des magazines féminins.
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