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Deux fois couronnée par le prix Nobel - Czeslaw Milosz en 1980 et Wislawa Szymborska en 1996 -, la littérature polonaise des dernières décennies est l'une des plus riches d'Europe. Par sa radicalité et son universalité, l'oeuvre de Rozewicz y occupe une place de tout premier plan. Poète, dramaturge, nouvelliste, Rozewicz appartient à une génération qui a eu 20 ans dans un pays martyrisé par les nazis et vécu sa maturité sous la dictature communiste. En rupture d'études, ouvrier, il combat dans les rangs de l'armée clandestine, l'A. K, avec son frère Janusz - qui sera exécuté par la Gestapo en 1944. Au lendemain de la guerre, sa conscience de poète est littéralement foudroyée par le poids de l'histoire : Comment écrire de la poésie après Auschwitz ? " C'est un homme presque sans voix qui parle, tout au bord de ce silence qui étouffe beaucoup de survivants. Pour ces temps d'apocalypse, Rozewicz invente une poétique nouvelle rupture avec le vers classique, abandon de toute métaphore, crudité et rugosité de la langue. Proches de la démarche d'un Paul Celan, ses poèmes sont comme les squelettes de cathédrales calcinées. Véritable révolution dans la poésie polonaise, son oeuvre constitue " la négation d'une littérature " qui, souligne Milosz, " semblait n'être rien d'autre qu'un mensonge recouvrant l'horreur de la brutalité de l'homme envers son prochain. " A partir des années 60, sa poésie s'approfondit encore pour dénoncer la désintégration des liens sociaux et des systèmes moraux et esthétiques dans les sociétés occidentales. Dans le même temps, sa sensation aiguë du néant trouve dans le théâtre un puissant moyen d'expression. Saluées par Grotowski et Kantor, des pièces comme Le Fichier influencent profondément leur esthétique. Rozewicz aime à citer cette belle phrase de Mickiewicz : " Il est plus difficile de vivre décemment une journée que de composer un livre. " Ecrire n'a d'autre sens, d'autre dignité, pour Rozewicz, que de tenter de vivre : la poésie de nos jours/est une lutte pour respirer.
Traduit par Claude-Henry Du Bord et Christophe Jezewski.
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