"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dès qu'on évoque ces deux personnages, qui forment l'un des couples les plus étranges et les moins bien connus de notre histoire, aussitôt viennent à l'esprit des images de Que la fête commence, le film de Bertrand Tavernier.
Mais aussi réussie que fut l'oeuvre du cinéaste, elle n'en était pas moins un fâcheux travestissement de la réalité, fondée sur la seule exploitation de la légende noire.
Voilà bien, en vérité, un duo inédit que sert magistra lement ici le talent d'analyste et de conteur de Jean-Pierre Thomas. A-t-on jamais vu un neveu de roi, Louis XIV, premier prince du sang Philippe, duc d'Orléans établir une dyarchie au sommet de l'Etat avec son propre précepteur, de vingt ans son aîné, d'origine roturière, devenu abbé, puis archevêque de Cambrai, prince d'Empire et enfin Cardinal Dubois, nouveau Mazarin ? La Régence n'est rien d'autre qu'une double régence assumée par un maître et son élève, soucieux avant tout de renforcer l'absolutisme et de consolider ainsi le trône du jeune Louis XV (1715-1721).
Dubois avait fait de Philippe, à la demande de sa mère la princesse Palatine, la célébrissime Madame, un prince modèle, prototype du prince éclairé. Philippe, devenu Régent du royaume, fait de Dubois un prince de l'Église, archétype du grand cardinal au service de Dieu et de l'Etat, tous deux acharnés et ardents défenseurs de la monarchie de droit divin, mais également ouverts aux sciences, à la philosophie, aux arts et, pour Philippe au moins, aux plaisirs de la chair et des sens.
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