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Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?

Couverture du livre « Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? » de Sarah Cillaire aux éditions Publie.net
Résumé:

Dans le travail de préparation de Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux?, souvent pensé au W de Georges Perec. De toute façon, après W, plus question de pratiquer l'autobiographie naïvement, ou comme si la leçon ne nous avait pas été donnée : c'est le chemin vers le secret autobiographique... Voir plus

Dans le travail de préparation de Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux?, souvent pensé au W de Georges Perec. De toute façon, après W, plus question de pratiquer l'autobiographie naïvement, ou comme si la leçon ne nous avait pas été donnée : c'est le chemin vers le secret autobiographique qui donne sa densité au récit, et son architecture au texte.
Si les incidents ou l'arbitraire de la biographie nous conduisent à un texte accidenté, est-ce que ce n'est pas cela d'abord qu'il faut alors se donner comme contrainte - sinon comme expérience - littéraire ?
Ainsi, dans Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux?, les vitesses de récit changent constamment. Un instant peut devenir une époque: ainsi, ce mariage contracté avec un Russe qui ne reparaît pas. Ainsi, cet échouage provisoire dans une ville de l'est canadien pour un colloque universitaire. Ainsi, ce lent dépli de l'enfance avec curieux ballet des mères, et ce qui s'ensuit d'obscurité pour les enfants en trimbale, obscurité dont on comprend bien que la narratrice l'affronte par ce récit, plutôt que ce qui la provoque.
On écrit avec de soi, disait Roland Barthes. L'autobiographie est une traversée. On y puisse, dans ces instants incontournables par leur densité. Mais le matériau de l'explication surgit sans qu'on sache: une plaque émaillée parce que Verlaine a vécu dans cette maison; les menus de la cantine du collège, détaillés comme s'ils expliquaient tout de la violence par ailleurs faite, la mutité d'un proche.
Et cela n'empêche pas de brasser une histoire bien plus large que soi, où interviennent les émissions de la télévision des années 70-80, la fin du Parti communiste, les logements de fonction de l'éducation nationale, et le corps à construire de ces enfants mis arbitrairement hors de la structure familiale qui sert de modèle à la société - faites avec.
Sarah Cillaire parle d'un "chantier qui serait une partition, une redistribution de la mémoire et de la voix en fonction des lieux", Elle dit : chantier ouvert, destiné à être retourné, redessiné, élargi de façon cumulative". Et c'est peut-être ici le défi littéraire: on nous invite dans le chantier même, avec ces éléments comme tombés durement sur le sol vie, et qui nous sont autant d'énigmes coupantes, trop dures ou lourdes pour être déplacées, et c'est pourtant là qu'est l'expérience d'écriture.
Celles et ceux qui suivent le blog de Sarah Cillaire, Séries, trouveront dans ce texte un prolongement à ce que le blog a exploré ces derniers mois.
Alors, dans une chambre d'hôte perdue de l'autre côté de la mer, ou dans l'impossibilité de ne pas habiter Paris, ou dans ce dépli d'enfance qui devient comme un mur lisse et âpre, ce qui nous est donné pour notre propre investigation quand à ce qu'on cherche chacun, via temps, lieux, espace, pour notre part d'utopie.
Au début, nous regroupions ces récits, dans publie.net, sous l'intitulé "zone risque": ici, elle n'est pas jouée.

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