"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En France, l'entre-deux-guerres marque l'avènement d'une société médicalisée dont le meilleur symbole est la création de la maternité et de la puériculture qui révolutionnent la manière dont les femmes donnent la vie. Une révolution qui fait aujourd'hui l'objet de débats. Dans cet ouvrage passionnant, Françoise Thébaud revient sur le contexte très particulier de l'après-guerre : l'hécatombe a été telle que les femmes sont désormais enjointes à envisager leur maternité comme un devoir national, mais la politique nataliste donne peu de résultats. Qu'à cela ne tienne, si l'on ne peut augmenter le nombre des naissances, il faut sécuriser les accouchements et les premiers mois des nouveau-nés afin de réduire la mortalité maternelle et infantile. Pour cela, on met en place des assurances sociales, on lance de véritables programmes sanitaires afin de lutter contre les fléaux sociaux que sont la tuberculose et la syphilis, on crée enfin un réseau de maternités modernes sur le modèle de la maternité Baudelocque (Paris XIVe), à l'opposé des maternités du XIXe siècle, véritables mouroirs fréquentés uniquement par les plus déshéritées. Mais cette médicalisation ne va pas sans une certaine déshumanisation de la naissance et maintient les avortées, les tuberculeuses, les étrangères et les filles-mères au rang de parias de la maternité.
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