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" Ecrire, c'est voler." Amélie Nothomb Palmarès des libraires - Livres Hebdo 2023 Sélectionné pour le Prix Littéraire 2023 du journal Le Monde.Palmarès les 100 meilleurs livres de l'année 2023 du magazine Lire. " Magnifique." Version Femina" Psychopompe [...] s'avère le complément parfait à Stupeur et tremblements." Le Devoir" [...] Amélie Nothomb célèbre ici les altitudes qui permettent non seulement de mieux percevoir le monde, mais de lire autrement." Le MondeSélection les meilleurs livres de 2023 du journal Le Monde.
S'envoler... J'ai trouvé ce livre très poétique, intimiste, très touchant. Elle nous emmène dans sa vie d'adolescente, nous partage sa passion pour les oiseaux, l'écriture, tout se lie, "écrire c'est voler." Tout est effort pour Amélie Nothomb, une lutte quotidienne quand elle revient sur la période de l'anorexie, on ressent cette lutte du corps et de l'âme. La lutte quotidienne pour écrire. S'envoler pour écrire, pour vivre, pour renaitre, tout en écoutant tout ce qui est autour de nous en toute liberté. J'ai beaucoup aimé le passage sur l'écoute des défunts, des signes de son père. Une belle écriture comme toujours qui m'a embarquée, envolée. Une histoire courte qui révèle la difficulté de l'écriture, de la maladie pour nous emmener vers la paix, l'envol, la liberté de vivre.
Ce livre, qui tient davantage de l’autobiographie et de l’introspection que du roman, réussit un petit prodige : Nous paraître interminable alors qu’il ne fait que 150 (petites) pages. Pas d‘intrigue donc, mais une trame autobiographique qui nous dépeint une Amélie Nothomb fascinée, depuis son enfance, par les oiseaux. Au gré des affectations diplomatiques de la famille, du Japon au Laos en passant par New-York, le Bangladesh ou la Birmanie, la petite Amélie observe, admire et parfois adopte des oiseaux. Très bien, toute cette première partie est un peu étrange mais pas désagréable à lire. Le problème c’est qu’une fois entrée dans l’adolescence, on bifurque dans autre chose, quelque chose de plus nébuleux. Parce qu’elle a son style à elle, plein de métaphore, de périphrases et autres artifices de langage, on ne comprend pas immédiatement qu’elle décrit un viol collectif subit à l’âge de 12 ans sur une plage du Bangladesh (je l’ai compris une fois le livre terminé), ce qui implique qu’on ne comprend pas très bien et très vite l’épisode anorexique qu’elle traverse ensuite et surtout sa toute nouvelle obsession pour la mort. Elle se voit en psychopompe, c’est-à-dire en guide des âmes vers la mort (une sorte d’Ankou). Toute la dernière partie du livre consiste donc à évoquer, en tant que psychopompe, la mort de son père. Toute cette dernière partie est assez pénible à lire : le fond est étrange, difficile d’accès, difficilement interprétable et tout cela est aggravé par la forme. Le style Nothomb est déjà fort particulier quand il s’agit de dérouler une intrigue, mais là ça confine parfois à l’indigeste : surenchère de métaphores, de phrases elliptiques, de mots savants et fort peu usités. J’ai pu m‘y habituer parfois avec « Métaphysique des Tubes » ou « Frappe-toile cœur » mais là, pas moyen d’y prendre du plaisir. « Psychopompe » n’a pas fait le job en ce qui me concerne, je n’ai jamais réussi à réellement entrer dedans ni à réellement me sentir concernée.
La scène d’ouverture de ce récit, qui sera grandement consacré à son obsession des oiseaux, est un conte traditionnel japonais que lui racontait Nishio-san. Ce conte parle d’une grue transformée en une jeune femme d’une grande beauté qui demande à un marchand d’étoffes de l’épouser et lui offre pour dote une exceptionnelle étoffe qu’elle tissa toute une nuit dans le secret de l’atelier, au lieu de se contenter de ce cadeau, son mari la vendra à prix d’or, et par cupidité, demandera à sa femme d’en tisser encore et encore malgré le fait qu’il la voit dépérir par cet effort. Ce conte oppose la noblesse de l’oiseau et la vulgarité et à la cupidité de l’homme.
Avec ce conte tout est dit. Ce texte va parler des oiseaux qu’aime tant l’auteure. Elle utilise surtout l’oiseau comme métaphore pour se raconter. Elle aborde rapidement l’acte traumatisant qu’elle subit de quatre hommes à l’âge de douze ans au Bangladesh et les deux interminables années d’anorexie qui suivirent sans absolument rien manger. Mais la vie est restée.
Tout dans ce livre parle de l’effort qu’il faut faire pour vivre, pour se lever le matin. Elle doit puiser dans des réserves qu’elle n’a plus à l’époque pour se lever chaque matin et maintenant encore en tant qu’écrivain, il lui faut de l’énergie pour se mettre devant sa table de travail et s’envoler, car écrire c’est se jeter dans le vide avec la sensation de s’écrouler. Ici la métaphore de l’oiseau qui doit manger l’équivalent de trois fois son poids afin de pouvoir déployer l’ énergie nécessaire à son envol.
L’anorexie est une maladie et contrairement à ce que l’on croit, c’est un effondrement de l’âme, pas une tentative d’envol. En guérir demande beaucoup de temps. Il faut ressouder l’âme au corps et retrouver cette énergie qui peut aboutir à un envol.
Ce livre parle aussi d’une renaissance, Amélie Nothomb sort de l’anorexie et prend son envol en écrivant. Tout comme les oiseaux chantent même s’ils ont mal…
Psychopompe, pourquoi ce titre ? Être psychopompe tel Hermès ou Orphée c’est pouvoir aller aux Enfers et en revenir et parfois même en ramener les morts. L’auteure est-elle elle-même revenue des Enfers ?
Le père d’Amélie, Patrick Nothomb est mort durant le confinement dû à l’épidémie de COVID et elle n’a pu aller à son enterrement. Aussi voit elle comme une consolation compensatoire le fait que son père durant les neuf mois qui ont suivi son décès vint lui parler comme il ne l’a jamais fait auparavant. Est donc psychopompe toute personne pour qui la mort n’est pas une terre étrangère, pour qui les frontières de la mort sont poreuses.
Voici un livre très singulier d’Amélie Nothomb qui parle de renaissance, d’envol mais qui est aussi son cheminement fait de joies et de drames.
Il est à mon sens son meilleur écrit, le plus intime. On se prend en pleine figure toute sa douleur, sa souffrance et on y découvre que l’écriture est pour elle une question de vie ou de mort . D’où toute cette précipitation, cette énergie à écrire encore et encore. N’oublions pas que ses textes publiés ne sont que l’infime partie émergée de l’iceberg.
Etant donné que j’apprécie l’écriture et l’érudition d’Amélie Nothomb, je n’ai pas le coeur à douter des qualités de son dernier livre traitant de sa passion pour les oiseaux tout au long de sa vie.
J’ai préféré n’en conserver que deux citations qui, à mes yeux, sont de remarquables passages.
Citations :
- P 144-146 « Mon père était dans l’amour et l’amitié, il aimait les gens, tout le monde peut en témoigner… J’essaie de me mettre à sa place. Il avait déjà un pied dans la tombe et voilà que sa fille chérie lui dit : ‘’Je t’aime’’. A l’évidence, il en avait été ému…
Bref, je me félicite de lui avoir dit ‘’je t’aime’’ à temps. Ce sont des mots qu’il vaut mieux entendre de son vivant. Cela étant, si vous n’a eu cette audace ou cette possibilité , dites-le aussi à vos morts. Je suis persuadée qu’il n’est jamais trop tard. Ce sont des mots qui ont des propriétés particulières.
Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, dit le proverbe avec justesse. J’étendrais, pour ma part, son champ d’action. La mort n’est pas la limite des transformations. Ce serait d’autant plus absurde qu’elle en est une elle-même. Un lien raté dans la vie peut sinon se réparer, au moins se métamorphoser dans la mort. Non, ce n’est pas une tentative béate de consolation. C’est un constat. Je le répète, il vaut mieux régler ses problèmes avec un vivant qu’avec un mort, mais si vous ne l’avez pas fait, ce n’est pas irrémédiable.
Dans le cas de mon père, il ne s’agissait pas de problèmes à régler. Les nôtres étaient insignifiants, du moins, ils ne m’obsédaient pas. Il s’agissait de vivre enfin l’effusion de deux êtres qui, après tant d’années, s’étaient déclaré leur amour. Avis à tous ceux qui croient que les paroles sont inutiles quand on se sait aimé. Oui nous nous savions aimés l’un de l’autre. Il n’empêche, quelle ivresse de le dire et de l’entendre.
…Fusionner les êtres au point de ne plus savoir ni qui parle ni qui entend. Toucher une main sans pouvoir trancher si c’est à soi ou à l’autre. Je souhaite à tout le monde de découvrir cette indétermination. »
- P 83 « Au détour d’une version j’appris qu’Hermès, le dieu messager aux pieds ailés, pouvait être qualifié de psychopompe. Le psychopompe était celui qui accompagnait les morts dans leur voyage. Ce nom formidable jouait également chrétienne, il y avait un oiseau psychopompe qui permettait d’illustrer le Saint-Esprit - la fameuse colombe qui rendait la Vierge enceinte de Jésus. »
Pas de critique car le reste du livre n’est qu’un ensemble de souvenirs de sa passion des oiseaux. Celle-ci est essentiellement liée aux circonstances de vie, à l’éducation dans la famille Nothomb, aux déménagements dans de multiples et différents pays et surtout à son aptitude à rêver, imaginer la vie et les choses.
Amélie Nothomb commence en évoquant son enfance.
On imagine une petite fille originale, déterminée, curieuse, passionnée par les oiseaux
Au gré des nominations de son père, elle habitera plusieurs pays, toujours à l'affut des oiseaux ;
A douze ans , dans le golf du Bengale, alors qu'elle se baigne, quatre hommes l'agressent.
Traumatisme qu'elle ne surmontera pas, anorexie à l'adolescence.
Devenue adulte, l'écriture deviendra sa source de vie, sa manière de s'approcher des oiseaux.
Cette fois, ce n'est pas un roman, Amélie Nothomb se livre telle quelle.
On ne peut qu'éprouver de la sympathie pour elle.
'Le livre des sœurs' paru en 2022 m'avait profondément déçu (lire ma critique) et j'espérais de tout mon cœur que le cru 2023 serait bien meilleur.
En lisant 'Psychopompe' J'ai retrouvé la Amélie Nothomb que j'aime. « Psychopompe » Un terme énigmatique, mystérieux dont l'auteure nous dévoile la définition à la page 83 : « le psychopompe était celui qui accompagnait les âmes des morts pendant leur voyage » comme Anubis, Charon selon les mythologies.
Amélie Nothomb nous parle dans la seconde partie de son livre de son activité de psychopompe. Elle communiquait alors avec Patrick, son père, disparu en 2020 durant la pandémie de Covid-19. Il a joué un rôle important dans l’écriture de 'Premier sang' (Prix Renaudot 2021), roman qui lui est consacré.
La première partie du livre est consacrée aux errances tristes de la jeune Amélie dans les postes où son père a été ambassadeur de Belgique. Elle nous fait part de sa passion pour les oiseaux dont elle a découvert les espèces locales au Bangladesh, en Chine, au Japon, etc Le quotidien n'était pas toujours rose pour la fille de l'ambassadeur de Belgique. Il fallait s'adapter à la culture des pays étrangers et le contact avec certains locaux n'était pas toujours facile.
Cette fascination, cette passion pour les oiseaux, Amélie Nothomb l'associe à l’écriture : « Écrire, c'est voler ».C'est aussi partir loin, s’évader, parcourir le monde.
À ce propos, certains passages du roman sont très beaux sur le rapport entre l'auteure, les oiseaux et l'écriture. En voici un sélectionné par mes soins : « Voler inspire une telle extase que la joie de chanter s'impose. Mon chant serait écriture. Comme l'alouette, je chanterai au moment de voler. Plus précisément mon vol serait ma musique. » (pages 105-106).
Un livre court comme d'habitude (tous les romans d'Amélie Nothomb sont très courts) qui m'a séduit. Beaucoup d'humanité et de nostalgie avec des thèmes chers à l'auteure : la mort, l'écriture, la mythologie, la relation père-fille.
Après Soif et Premier sang, consacrés l’un au Fils (le Christ), l’autre au Père (le sien), Amélie Nothomb clôt sa trilogie christique avec le Saint-Esprit, figuré par un oiseau psychopompe (elle-même), passeur d’âmes entre la vie et la mort.
Tout commence, sur un ton léger, par l’enfance cosmopolite de cette fille de diplomates qui, du Japon à la Thaïlande en passant par la Chine, le Bengladesh ou la Birmanie, se prendrait presque pour l’un de ces oiseaux qu’elle se plaît depuis toujours à observer. Ainsi le fabuleux engoulevent oreillard, aux oreilles pointues le faisant sembler, à ses yeux d’enfant, un dragon courroucé de devoir de temps à autre se poser. Mais l’oeuf qu’est encore la narratrice est brisé par un viol, à ses douze ans, lors d’un bain de mer au Bengladesh. La fulgurance de la scène, tout entière contenue dans « Les mains de la mer s’emparèrent de moi », s’éteint dans un quasi non-dit, une ellipse refermée par sa mère en moins de mots encore : « pauvre petite ».
« Quelque chose s’éteignit en moi. On ne me vit plus dans aucune eau. » « La violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n’étais plus l’œuf que j’avais été. Oisillon dépourvu de plumes, il me faudrait accéder au statut d’oiseau. Cela serait monstrueusement difficile. » A cet exact mitan du livre, le ton s’est fait plus grave mais, concis jusqu’à l‘épure, conserve la grâce d’un vol en apesanteur. Pour sortir, tel Orphée psychopompe, des Enfers de l’anorexie, la jeune Amélie Nothomb doit trouver la force de déployer ses ailes d’adulte, et cet envol, c’est l’écriture qui le lui permet. Dès lors, le récit autobiographique se fait exégèse, dégageant rétrospectivement la cohérence de l’oeuvre de l’auteur et s’attachant à une réflexion, elle aussi à l’aune de la métaphore aviaire, sur l’acte d’écrire.
Question pour elle de « vie ou de mort », l’écriture est un vol libre qui « comporte l’énorme péril de la chute », mais « privilège absolu », « grâce » la plus élevée, elle doit, par son style, éviter « tout excédent de bagages », ne « s’embarrasser [que] d’un minimum de matière », pour « empêcher [ses] phrase[s] de sombrer ». Elle que l’écriture a fait revenir des morts - « la morte, c’était la moi d’avant » -, raconte comment son livre Premier sang lui a aussi permis de nouer un dialogue post-mortem avec son père.
Avec ce livre autobiographique qui, à la fois grave et léger, tout en élégance et en épure, s’enveloppe de la métaphore pour un récit à la fois intimiste et éclairant sur les vertus essentielles, salvatrices et psychopompes de l’écriture, c’est une clé ouvrant les espaces les plus secrets de son œuvre que nous offre l’inimitable Amélie Nothomb.
Dans ce roman autobiographique, Amélie Nothomb nous livre le récit de sa vie par le prisme de son amour pour les oiseaux. Elle survole donc les différentes étapes qui l’ont menée à l’écriture. Les nombreux pays dans lesquels elle a vécu, suivant son père dans ses missions diplomatiques: le Japon tant adoré et magnifiquement décrit dans « Stupeur et tremblements », mais aussi la Chine, la Birmanie et le Bangladesh.
Dans ces pays elle a pu admirer les oiseaux au point de se confondre avec eux. Elle y a également connu une souffrance indicible, entrainant une anorexie longue de plusieurs années. Sa sincérité, indirecte et métaphorique, m’a touchée.
Pour la suite du roman, je suis plus dubitative. Au cours de ses pensées morbides, Amélie Nothomb se découvre une mission sacrée: devenir psychopompe, comme Hermès ailé qui conduit les morts vers leur dernière demeure. Le livre prend alors une nouvelle dimension, mystique, où elle nous expose sa vocation quasi divine, écrivant « Soif » presque sous la dictée de Jésus Christ, et « Premier sang » suite à une discussion avec son père tout juste décédé. Tous deux des récits psychopompes. S’en suivent des conseils pour parler efficacement avec nos morts.
On comprend par-là que c’est finalement l’écriture qui l’a sauvée, et qui lui a permis de s’envoler. À défaut de le faire avec son corps, c’est son âme qui s’élève dans la spiritualité. Dans ce livre Amélie Nothomb se livre comme jamais, mais tout en distance et retenue, se cachant derrière des métaphores, se confondant avec le merle. Malgré quelques sentiments contradictoires, j’ai trouvé la lecture agréable, même si j’avoue avoir plus apprécié l’entendre parler de son livre que de l’avoir lu.
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