"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Madrid, aujourd'hui. Le corps de Juan Rivas, 37 ans, est retrouvé dans son appartement, sans trace de lutte ni mot de suicide. Empoisonnement ? Rapidement, d'autres cadavres font surface, sans lien apparent... La presse s'empare des faits. L'inspectrice Tabares et son adjoint, Sotillo, prennent en charge l'enquête. Dans un pays déchiré par la crise, où les plus cyniques ont été récompensés en millions sur le dos de simples citoyens, la violence ne vient pas forcément d'où on l'attend. Une histoire de vengeance digne de la tradition du polar social.
Les vacances, ça sert aussi à combler ses lacunes… Je me plonge donc dans l’univers de Miguelanxo Prado, fauve d’or à Angoulême en 1991 et 1994.
Forcément je démarre par un polar… ce « Proies faciles » date de 2017 et est un polar social, engagé comme l’explique le prologue rédigé par l’auteur… qu’il vaut mieux lire comme épilogue tant il brosse précocement le tableau et l’intrigue du récit !
Des cadavres donc…une avalanche de cadavres pour 2 flics, Tabares la cheffe et Sottilo son adjoint… Un point commun, ils travaillent tous dans le monde bancaire.
Je n’en dirai pas plus mais on sent l’engagement de l’auteur dans le choix de ce récit, un polar d’enquête, assez classique dans son déroulé, mais qui dénonce avec force le cynisme et la violence des banques et de la finance qui prime sur l’humain.
Graphiquement, Prado propose un noir et blanc tout en nuances mais précis et qui permet de planter une atmosphère idéale. Les personnages sont très expressifs et la variété des cadrages permet un récit vivant.
Au final, un polar qui témoigne et s’indigne et auquel je ne suis pas resté indifférent. Un beau travail graphique qui me donne envie de poursuivre ma découvert de Prado.
Miguelanxo Prado est un auteur de BD espagnol qui s'est plutôt illustré dans l'humour et la poésie (cf. Wikipédia). Il s'attaque à un genre très particulier, le polar social. Et il y excelle. Son ouvrage est très bon sur le scénario notamment, cette intrigue qui tient jusqu'au bout les flics et nous les lecteurs. On ne sait pas trop où il nous emmène, vers quel coupable. Lorsque la fin se dessine, si l'on n'est pas surpris parce que finalement c'est celle que l'on s'attendait un peu à lire et voir, eh bien, malgré tout, on se dit qu'il a mené fort brillamment son sujet et qu'il nous a baladés au long des presque cent pages.
On est en plein cœur de la crise, les gens perdent leur argent confié aux banques qui ont investi de manière légère et qui ne remboursent pas les pertes. Beaucoup de gens se retrouvent dans des situations difficiles, tendues et notamment des personnes âgées qui ont perdu l'argent de toute une vie et qui ne peuvent plus vivre décemment ni aider leurs enfants et petits-enfants eux-mêmes en difficulté à cause du chômage, des emplois précaires...
C'est la même histoire partout sur la planète, les riches sont de plus en plus riches, les pauvres s'appauvrissent et subissent la loi des quelques qui ont argent et pouvoir (cf. Trump et son gouvernement de milliardaires et millionnaires...). Miguelanxo Prado met tout cela en scène et c'est joliment fait. Dessin noir et blanc sur fond grisé centré sur les personnages, peu de décors extérieurs, mais lorsqu'ils sont présents, ils le sont d’une manière forte : traits droits des immeubles et des rues qui tranchent avec les courbes des humains. Dit comme cela, ça pourrait paraître sombre, mais ça ne l'est pas, le duo de flic fonctionne bien, plaisante et permet de comprendre l'escroquerie des banques. Les deux sont humains et n'entendent pas faire leur boulot salement, même s'ils sont là pour obéir aux ordres.
Une BD absolument formidable qui en plus de faire passer un bon moment, permet de se poser des questions, de réfléchir à la société que l'on veut. Et en cette année d'élections, il est indispensable de se poser la question et de la confronter aux programmes des différents candidats.
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