"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un homme hanté par son enfance rentre au pays. Il y a grandi aux côtés de Vito, son meilleur ami.
Ces deux adolescents en Allemagne de l'Est ont connu une tragédie, l'homme évoque en pointillé la culpabilité qui le ronge depuis, et la tentative de se reconstruire.
Car sa vie lui échappe, kidnappée par l'accident avec l'ami. Malgré son épouse et sa fille bien-aimées, les démons de la mélancolie sont réveillés dans ce paysage de l'Elbe, où campent les néo-nazis et où plane l'ombre d'une sourde menace, toujours plus difficile à ignorer.
L'inondation de l'Elbe, déluge qui engloutit tout, permet enfin de vraiment recommencer.
Thilo Krause est d'une puissance pour nous embarquer avec lui à travers ses yeux. Nous devenons cet homme qui examine les rives de l'Elbe, ses paysages, sa faune, sa flore, son odeur, ses bruits. Une écriture jusqu'à vraiment voir en lisant comme des empreintes. Une poésie s'installe en prenant une grande part à la recherche de la perception de ces images réalistes plus qu'à l'histoire. Un livre d'images rutilantes.
Le roman s’ouvre sur deux postures du protagoniste : l’observation et la dépression. Il s’installe au bord d’une falaise pour mieux observer sa maison. Cet homme, de retour dans son pays, regarde de loin sa vie familiale et n’hésite pas à aller à la limite de la vie. Le personnage principal est le narrateur et nous embarque avec lui dans une balade terriblement mélancolique. On sent la fébrilité de ses intentions et ses gestes à chacun de ses pas. Il est dans une profonde solitude, un isolement de pensées qu’il nous partage. Le lecteur est son confident. Nous voyons sa vie de famille qui s’effrite, les relations avec ses vieux amis prendre une direction inattendue. Son pays, l’Allemagne, est hanté par des vieilles menaces, des néo-nazis installés en surplomb du village. L’esprit de l’homme est hanté par le passé. Ses journées et ses balades dans le temps présent sont un moyen de marcher sur les traces de passé. L’affrontement est douloureux et profond. L’écriture de Thilo Krause est très poétique. Elle évite de tracer trop précisément les contours pour conserver un climat de peur étouffant. L’homme est revenu dans une ambiance lourde de sens. Il tente de remonter à la surface et de saisir le présent de sa vie. L’atmosphère de l’histoire est envoûtante. On perçoit rapidement le malaise de l’homme et ce qui finit par peser sur ses proches. La cellule familiale est à l’image du village et du pays, heurtée par le poids du passé et submergé par la violence du présent. Le fil de la narration se perd parfois dans cette succession de rêveries dramatiques bien qu’elle permette de s’installer pleinement dans l’esprit et l’inconscient du personnage, cet homme qui voit autour de lui l’eau de l’Elbe monter et la terre être submergée.
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