"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Où s'est-il ancré, le Nautilus sur lequel Yves Stourdzé nous avait embarqués, un soir de 1975, pour déchiffrer le monde en proie à la communication ? Capitaine Nemo a fait seul le passage et s'est arraisonné, mort sous la neige, dans quelque coin du cime tière Montparnasse. Poète amarré, il s'est débarqué en solitaire pour pénétrer dans le gouffre de la terre, nous laissant au bord, avec un jeu de cartes et nos mémoires pour retrouver les traces du parcours qui nous ramènera sans doute au lieu exact de sa disparition.
Abandonnant les douleurs et le corps, il a suivi la baleine blanche de son rêve et de sa révolte après avoir, sans doute, résolu l'énigme déposée dans cette dernière dédicace : « Peser sur le monde, peser sur les mots, peser sur soi ? » Il disait n'être qu'un petit atome dans le système du monde, mais il fallait entendre : qui pouvait faire bouger le monde et ravir le pouvoir. Juste l'endroit, juste le moment où énergie et signes se conjuguent, et c'est ainsi que le monde change. Puisqu'aussi bien c'est cela qui donnait sens et jouissance à la quête et à la conquête.
Nous avons tout de suite su qu'il s'agissait moins de rendre un dernier hommage que de continuer le voyage entamé avec cet homme pressé - savait-il qu'il avait si peu de temps ? - qu'était Yves Stourdzé. Nous nous sommes alors abri tés dans l'ombre de sa présence pour le relire, pour tout relire, essayant de dégager le cheminement terriblement obstiné d'une pensée qu'aucun obstacle ne rebutait, qui refaçonnait ses instru ments de réflexion et ses moyens d'agir au fur et à mesure qu'ils étaient mis en défaut. D'où un tracé complexe et pourtant si pur. » (Les éditeurs) Dans les textes de Pour une poignée d'électrons, abondamment nourris de son travail généalogique, Yves Stourdzé soutient que les termes qui constituent la communication « sont l'enregistrement de la langue, du temps, du corps ». Il montre que le pouvoir en France s'est toujours méfié de la communication directe entre les gens et qu'il a donc toujours privilégié les techniques de communication qu'il pouvait contrôler ou qui mettent en scène sa prédominance : le télégraphe Chappe et ses stations fortifiées, le réseau ferré en étoile, la presse plutôt que le téléphone, etc. De la même façon le pouvoir privilégie le lourd, le fortifié, la ligne Maginot plutôt que les chars. En France « se distinguent ses Grands Corps et ses Petits Vices, ses notables et ses employés, ses fantasmes et ses espoirs. Pêlemêle au gré d'une histoire de toile d'araignée technique : le marchand, le politique, l'ingénieur et le fonctionnaire. Et dans un tout petit coin obscur, le client ». C'est pourquoi il est nécessaire de « déréguler en profondeur la société française pour promouvoir l'innovation » et les « dérégulateurs » doivent « avoir sans cesse présents à l'esprit les visages des inventeurs qui, dans le domaine des communications, n'ont eu d'autres choix depuis deux siècles que de baisser les bras. Car un climat propice à l'innovation ne se crée pas d'un coup de baguette magique. Il faut créer les institutions et les stimulants qui offrent à l'inventivité les moyens de son expansion, voire les possibilités d'un recours ».
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