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Dans le tumulte de la guerre de Cent Ans, princes et ducs s'assassinent pour la couronne de Charles VI, frappé de démence.
Gilles de Rais, l'un des plus sombres criminels de l'Histoire, vient au monde. Compagnon d'armes de Jeanne d'Arc qu'il révère, adepte de la magie noire mais fervent chrétien, immensément riche et prodigue, l'homme qui a inspiré Barbe- Bleue est aussi parmi les plus puissants du royaume. Aux juges qui l'interrogeront sur les raisons de sa folie sanguinaire, il dira n'avoir agi que « pour son plaisir et sa délectation charnelle »...Cela lui a permis, sans sa verve habituelle, de sauter de la mortification à l'horreur avec une grâce d'État : depuis la Vie de Rancé on sait que ces livres- là, qui forcent la nature, sont les meilleurs de leurs auteurs.
Stéphane Denis, Le Figaro magazine.
On connaît le goût de Pierre Combescot pour les personnages et les périodes troubles de l’Histoire dont il tire des romans sulfureux aux titres savoureux ; chaque nouvelle parution est l’occasion d’apercevoir son regard à la télévision, où rode le diable. Sa rencontre avec Gilles de Rais était écrite, dont une réplique tirée des minutes de son procès fournit le beau titre sensuel.
L’essentiel a été dit sur la complexité d’un personnage parmi les plus odieux criminels de tous les temps : guerrier furieux, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, maréchal de France, seigneur couvert de richesse (qu’il écorne de sa prodigalité) et avide de puissance (qu’il ruine de ses abominations), homosexuel et pervers, croyant et cultivé, mort au gibet de la justice royale. Le sang des batailles et de la chasse ne lui suffisait plus, ses rabatteurs le fournissaient en jeunes et beaux adolescents de son finage, qui perdaient tout à la fois leur virginité et leur vie. Charles Perrault à qui Gilles de Rais inspira le personnage de Barbe Bleue, trouva plus moral que son héros substitue ses femmes aux pages. Aux descendants du maréchal, la prudence dicta un changement d’orthographe : Rais devînt Retz.
La richesse de ce roman est dans les mots que Pierre Combescot ordonnance avec talent et gourmandise (quand il n’abuse pas des noms propres qui ralentissent la lecture de la première moitié) : « [ Mes chevaliers, mes écuyers, mes valets]… Canailles aussi car s’insinue dans ce va- et-vient de beaux merles et de fines branlures ». Mots rares mais jamais abscons, mots anciens : « tapisseries de haute lisse, armes damasquinées, ciboires en or, hanaps et aiguières ». Style nerveux au service du récit : les faits rien que les faits, n’excluant pas de riches enluminures : « Les carcasses des chevaux formaient de grandes orgues où le vent, s’engouffrant, hennissait sa musique ». Un maître de la langue!
Ma première réflexion fut de me dire : "quel beau titre !" Ensuite, dans ce livre consacré à Gilles de Rais, de son enfance à sa mort, j'ai appris qu'il avait prononcé cette phrase pendant son procès, en réponse à ses juges qui lui demandaient les raisons de sa folie sanguinaire (viols, meurtres d'enfants). Après cette révélation, le titre résonne différemment.
Pierre Combescot écrit formidablement bien, n'élude rien du parcours de Gilles de Rais (même si son livre aurait pu être un pavé, tellement il y a à dire sur cet homme). La première partie du livre est assez confuse pour moi qui ne suis pas spécialiste de la période en question (fin 14° et début 15° siècles). Toutes les alliances et les mésalliances, les ententes et les divisions des Seigneurs. Beaucoup de noms propres dont certains se ressemblent. Il y a de quoi s'y perdre.
La seconde partie, beaucoup plus centrée sur Gilles de Rais est plus intéressante. Plus horrible aussi. Ecriture nerveuse qui sied au personnage et à ses perversions. Ceci étant, je ne suis pas complètement convaincu par ce livre. La sensation d'être un peu perdu dès le début ne m'a pas permis de l'apprécier à sa juste valeur, me semble-t-il.
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