"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ma mère me racontait les " poètes " de la famille (et il y en avait depuis Gogol !), elle me chantait des romances de Vertinsky sur des vers d'Alexandre Blok et nous pleurions, elle sa Russie perdue, moi la ronde des mots étranges, un monde autre que le mien. À quatre ans, j'improvisais des hymnes au soleil, à la neige, à la nuit, au vent.Le grand amour de la poésie me fut donné par un être insolite, tout disloqué par les blessures de la guerre civile, que nous avions recueilli : Serge de Grasse. Ses ancêtres avaient quitté la France à la Révolution pour se fixer en Russie, une autre révolution le rejetait en France où il allait mourir en étranger. Ma mère travaillait, ce " poète " m'éduquait avec Lamartine ou Baudelaire, Pouchkine, Lermontov ou Heine. Je rêvais de devenir poète.Le temps a passé, le quotidien m'a prise à la gorge. La poésie devint refuge, mystère, source de vie : Rimbaud, Laforgue, Reverdy et Jouve, Milosz et Jean-Claude Renard, Anna Akhmatova et Marina Tzvetaieva...Peu à peu j'ai succombé au vertige et suis partie un jour à la découverte de moi-même et de l'univers qui m'entourait.T.R.
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