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"Poissons rouges et autres bêtes aussi féroces" rassemble des nouvelles qui se présentent sous la forme d'un bestiaire dans lequel le fantastique entraîne moins le lecteur/la lectrice sur les voies du surnaturel, qu'il ne déchiffre les pulsions secrètes et les recoins obscurs du coeur humain.
Dans cet autre monde qui s'ouvre, on explore en réalité ce monde-ci, traversé de féroces conflits puissants/pauvres, femmes/hommes, enfants/adultes, racismes, guerres.
Mais notre monde y est augmenté de sa face obscure, où l'humour est noir, où les êtres sont hybrides et les frontières poreuses entre l'humain et l'animal, le rêve et la réalité, le moi et l'autre, la vie et la mort.
Au sein de ce dispositif, qu'Ella Balaert mène de bout en bout avec brio, la place du langage se veut paradoxale : malgré la nomination patiente des êtres et des choses (dans les nouvelles "L'oie", "Le bernard-l'ermite", "La 6ème amibe", entre autres) il échoue à "ordonner" ce monde. Quoiqu'on en dise, il y reste de l'innommable, facteur de désordre, de chaos, si possible dérangeant et c'est tant mieux, car telle est la vertu de l'art de désordonner, de déranger, de poser au lecteur ou à la lectrice, tel un sphinx, l'énigme à laquelle il lui appartiendra de répondre, librement.
On commence par le plaisir de tenir le livre et sa belle couverture entre les mains. Son aspect très "soft" s'oppose au mot "féroces" du titre : que va t'on y découvrir. Quand on ouvre son livre, l'auteur vous emmène en un tourbillon dans un mode fantastique où est fait le parallèle entre les caractéristiques d'un animal et les travers de la Société, la noirceur de l'Homme, sa violence, Comme dans les fables, on attend la morale, ici on est impatient de connaitre la chute. Rares sont les nouvelles dont la fin m'a déçu. Comme chaque nouvelle est servie par une belle utilisation des richesses de la langue française, c'est un double plaisir de lecture. Ca a été une belle occasion d'entrer dans le monde d'Ella Balaert que je retrouverai surement avec plaisir.
Recueil de nouvelles, en forme de bestiaire fantastique, surnaturel. L'onirisme flirte avec l'irrationnel, le rire -noir- avec la profondeur et la peur, le crime avec l'amour, à la manière de ou en hommage à ou en simple admiration d'Edgar Allan Poe maître du genre.
Dix-sept nouvelles qui nous font pénétrer une autre dimension. Une dimension dans laquelle tout serait possible, les plus belles histoires comme les pires. La naissance, la vie, l'amour, la mort. Les relations homme-animal, l'hybridation... Une pirouette ou un changement d'axe de perception peut faire varier les plaisirs et surtout amène une fin inattendue.
L'ouvrage est homogène, aucune nouvelle ne prend l'ascendance sur l'autre, elles sont toutes excellentes avec néanmoins des petites, toutes petites, préférences pour :
- Le faucon, troublante
- Les inséparables, un poil flippante
- Le cygne, vous n'irez plus jamais au musée Grévin sans y penser
- Le matou, où l'accueil de l'autre malgré ses différences et ses difficultés indispose les bien-pensants
- Le chien, lorsque l'animal sert de passeur intergénérationnel
Ella Balaert -dont j'aime beaucoup le travail, j'ai chroniqué pas mal de ses livres- a la bonne idée et le talent pour ne point se répéter et changer de style à chaque histoire. C'est tantôt un dialogue, tantôt un questionnement intérieur, tantôt des descriptions. Elle change aussi de registre de langue, du langage courant au style châtié qui use de pas mal de mots rares qui, contrairement à d'autres écrivains, ne font pas pédants. Ils servent le texte et l'histoire, ajoutent au fantastique et à la complexité des personnages. On peut chercher leurs sens ou s'en passer en comprenant.
C'est un recueil que l'on peut lire d'une traite ou bien y piocher de temps en temps. Je l'ai lu d'une traite et je reviendrai y piocher de temps en temps, pourquoi se priver d'un tel plaisir ? En outre, je trouve le titre bath.
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