"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un explorateur mystérieux et solitaire sillonne le Sahara à la recherche de criquets noirs qui ont bouleversé sa vie et dont il croit qu'ils vont provoquer un cataclysme. Hanté par la quête de leur origine, fasciné par une force obscure et écrasante, il ne peut que s'enfoncer davantage dans le désert, persuadé de pouvoir faire face, seul, à la fin du monde... La nuit, Imashek, l'esprit du désert, vient lui tenir compagnie et tente de le convaincre de l'absurdité de son projet. « Tout a une fin ! », ne cesse-t-il de lui répéter. Mais l'explorateur met du temps à comprendre qu'une fin peut donner naissance à un nouveau début et que la fin de son monde ne signifie pas forcément la fin du monde. Récit intime, questionnement existentiel et réflexion sur le monde actuel, Point Zéro brouille les limites entre réel et fantastique. Contes du désert, souvenirs et hallucinations se mêlent dans à une savante alternance de noir et blanc et de couleurs, de ligne claire et de fusain.
Une BD philosophico métaphysique c'est assez rare pour être salué.
Une BD philosophico métaphysique qu'on lit avec intérêt, c'est encore plus rare.
Une BD philosophico métaphysique qui raconte aussi des histoires et plonge dans une culture (Touareg) c'est très très rare.
Une BD ... qui utilise une palette graphique avec réussite c'est ... un vrai plaisir.
Une BD qui parle de nuits dans le désert, c'est plus que rare ...
et quand vous avez eu l'occasion de vivre ne serait-ce qu'une nuit sous le ciel d'autres latitudes ... votre esprit se laisse porter.
Une invasion de criquets noirs peut-elle annoncer autre chose que l'apocalypse ? “Je sens que quelque chose est sur le point d’arriver. Quelque chose de très grand, de terrible, et qui va nous engloutir tous…” Dans cet album, le héros, persuadé que ces bestioles sont un présage funeste, part en quête du “Point Zéro”. Mais pour trouver la source, là d’où viennent les criquets, il faut d’abord se perdre. S’égarer dans le désert.
Pour guider son esprit enturbané et son corps ensablé, notre explorateur peut compter sur Ahmed, fidèle compagnon de jour, et sur Tergui, le souffle du désert qui se manifeste la nuit. Des personnages à la sagesse antédiluvienne qui le mettent en garde : attention à ne pas tomber dans “l’essouf”, “l’espace entre-deux, le monde de l’invisible” où vivent “les gens de la solitude, esprits du vide”.
Chaque nuit, il écoute des histoires de djinn et des légendes sahariennes qui résonnent avec la vaine mission qui l’obsède : des réflexions sur la mort, sur la peur, sur la fin de toutes choses. Mais peut-être se trompe-t-il de combat ?
Dans ce désert labyrinthique, les nuits noires succèdent aux journées brûlantes, de même que dans cet album le noir succède au blanc, dans des traits extrêmement précis ou des contours bien plus flous. Des pages pleines de sable qui piquent les yeux où le lecteur prend plaisir à se perdre à son tour.
Cette invasion de criquets cache t-elle quelque chose de plus grave ? La fin du monde ? Cet homme le croit. Il cherche, seul, dans le désert, les explications de cette invasion.
Le point zéro, c'est ce qu'il veut trouver. Là d'où viennent ces fameux criquets noirs. Il faut en trouver le chemin... dans des journées brûlantes et des nuits silencieuses où l'esprit du désert souffle et vient répondre à ses questions. Un guide qui apparait à la tombée de la nuit, qui alimente les réflexions de l'homme. Tel un sage, il parle de la mort, de la vie, du chemin à tracer, de la peur...
Première lecture dans le cadre du #prixorangedelabandedessinée avec cet album paru en janvier dernier. Une lecture intime, forte que nous propose l'autrice Abir Gasmi. Un dialogue avec la sagesse, la culture touareg, dans l'entre-deux, entre vie et mort, entre le palpable et ce qui relève de l'esprit, entre le profane et le sacré. L'autrice puise dans l'histoire familiale de l'illustrateur Kamal Zakour, s'inspirant de la vie de son père qui luttait contre les criquets en partant longuement dans le désert. Un livre donc pour combler une absence et chercher à comprendre sans forcément apporter de réponses.
Kamal Zakour montre le désert en alternant le fusain précis et aéré avec le lavis plus évocateur. Les moments de silence où la chaleur lourde est palpable alternent avec les instants de dialogue qui nourrissent la réflexion.
Cette édition française que l'on doit aux éditions Alifbata permet de découvrir un album qui a déjà gagné des prix (notamment au Cairocomix en 2018) et de rencontrer 2 artistes qui font bouger les frontières de la BD. Enrichissant à plus d'un titre, une belle découverte !
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