"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Emile Verhaeren a tenu à séparer nettement Les Villages illusoires (et son célèbre " Passeur d'eau ") de la trilogie sociale, à peu près contemporaine, en leur conférant le statut de symbole. Porté par une philosophie, au sens où l'entendait Verhaeren, idée centrale et totalisante, le recueil prend son départ dans le refus du fétichisme de l'individu et mène le lecteur de l'individualisme moral et social à la vie collective et à l'appel du divin, c'est-à-dire à l'avenir de l'humanité. De " Celui de l'horizon " à " La Disparue " en passant par " Dans ma plaine ", Les Apparus dans mes chemins suivent, eux, de près le troisième volet de la trilogie noire et en prolongent la veine pessimiste, mais pour l'inverser en cours de route. La première partie (huit premiers poèmes) renoue avec l'univers de désespérance de la trilogie, tandis que les cinq poèmes suivants dévoilent un horizon nouveau en professant l'adhésion de l'esprit et du coeur aux valeurs de bonté et d'amour. Verhaeren y procède à une relecture du message évangélique, mais en marge de l'Eglise, voire contre elle. Son " Saint Georges " réconcilie ainsi l'homme avec le monde. L'amour des pauvres et la charité doivent légitimer la révolte sociale et le refus des vérités du passé.
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