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Plaidoyer pour une discrimination positive

Couverture du livre « Plaidoyer pour une discrimination positive » de Karim Amellal aux éditions Editions De L'aube
Résumé:

Pourquoi un plaidoyer pour la "discrimination positive", c'est-à-dire une action de promotion volontariste en faveur de personnes souffrant de handicaps et de difficultés spécifiques qui ne leur permettent pas d'accéder, dans les mêmes conditions que les autres, aux mêmes fonctions, charges et... Voir plus

Pourquoi un plaidoyer pour la "discrimination positive", c'est-à-dire une action de promotion volontariste en faveur de personnes souffrant de handicaps et de difficultés spécifiques qui ne leur permettent pas d'accéder, dans les mêmes conditions que les autres, aux mêmes fonctions, charges et emplois que les autres ? Parce qu'il est de notre devoir, dans une société qui se veut ouverte, moderne et tolérante, de nous montrer cohérent avec les nobles principes qui fondent notre République. Il est indispensable de mobiliser les énergies en faveur de ceux qui, en raison du lieu où ils habitent, de leur origine ou de leur religion, ont moins de chances que les autres de réaliser leurs rêves et leurs ambitions. Il ne s'agit pas seulement de politique et de listes électorales, de privilèges et d'honneurs. Il s'agit de l'accomplissement de notre démocratie.
Le multiculturalisme est devenu un fait à prendre en considération, de même que la transformation de la place et du rôle des religions dans notre pays ou l'importance de l'identité comme vecteur de socialisation. Or dans cette France multiculturelle, ouverte sur le monde et amarrée à une Europe qui avance, la vieille rengaine assimilationniste et égalitariste patine et ne fonctionne plus. Pire, elle exclut.
Je suis issu de l'immigration. J'ai vécu dans un quartier difficile et mon lycée contenait tous les maux de la société qui l'environnait. J'ai peu à peu, surtout grâce au soutien de mes parents, réussi à franchir les nombreux obstacles qui nous empêchaient, nous qui vivions en banlieue, de parvenir là où nous voulions aller.
Je me souviens aussi de ce premier jour à Sciences-Po où, avec un autre ami beur, nous avons débarqué.
Nous étions quatre en tout, sur une promotion de 300, à être issus de l'immigration et à avoir réussi le concours ! On se demandait, un peu inquiet, ce qu'on faisait là ! C'était ça, Sciences-Po, il y a quelques années.
J'ai toujours pensé que ce décalage énorme entre une poignée de trajectoires réussies et le reste de la foule qui attend à la porte n'était pas acceptable dans notre pays.
Le système, au lieu d'intégrer, produit de l'exclusion. Au surplus, et c'est ce qui me paraît le plus important ici, les symboles ne fonctionnent pas. La réussite n'est pas valorisée, au contraire, ce sont les problèmes qui sont partout mis en lumière. On renvoie aux jeunes des quartiers difficiles une image d'eux-mêmes biaisée, caricaturale, excessive. On leur montre qu'ils sont dangereux, détestables, paresseux. Aux personnes issues de l'immigration, on montre les limites d'une intégration que, par ailleurs, on juge indispensable. En réalité, on
voudrait qu'ils ne soient rien d'autre que des consommateurs frénétiques et des électeurs dociles. Mais ça ne marche pas comme ça !

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