"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pierre de Coubertin, son nom est lié à jamais aux Jeux olympiques, mais qui était-il vraiment ? Un amoureux de la Grèce antique, en quête d'un idéal universel... Un aristocrate converti à la République... Un jeune pédagogue qui devine les vertus du sport de masse. Un misogyne indécrottable et un colonialiste convaincu. Tout cela et bien plus...
Voici le parcours d'un homme complexe dans une époque qui le fut tout autant.
Parler des Jeux Olympiques de l'ère moderne sans parler de l’homme qui les a fait revivre en 1896, voilà qui semble impossible. Le nom de Pierre de Coubertin est fortement lié à cet événement sportif devenu planétaire. Mais comment cet homme a-t-il eu l’idée d’instaurer à nouveau cette compétition sportive après la disparition des Jeux antiques en 393 ?
L’album Pierre de Coubertin, Entre ombre et lumière se propose donc de faire découvrir qui était cet aristocrate, à travers certaines facettes, pas toujours des plus élogieuses, de sa personnalité.
C’est en 1892, lors du discours de clôture à la Sorbonne du 5e anniversaire de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques que Pierre de Coubertin, son secrétaire général, proposa de rétablir les Jeux Olympiques. Son idée était de faire disparaître la guerre grâce au sport et à l’entente entre les peuples.
À travers des compétitions, des hommes de toutes nationalités pourraient se confronter pacifiquement. Des hommes seulement, puisque l’optique du Baron n’était pas que les femmes puissent s’aligner pendant ces rencontres.
Un Comité International Olympique (CIO) fut créé et Coubertin en devint le secrétaire général. Athènes fut désignée pour accueillir les premiers Jeux modernes en 1896, dont les débuts furent imparfaits.
Rapidement d’autres sports firent leur apparition et le nombre de sportifs s’accrut. Mais ces jeux devaient rester une affaire d’hommes, même si certaines femmes furent autorisées à participer à certaines compétitions.
En 1904, à l’occasion des Jeux de Saint-Louis (Missouri), le baron estime peu probable la participation d’athlètes de couleur aux côtés des Blancs, de peur que cela affecte l’image des Jeux Olympiques.
C’est à travers les échanges entre deux journalistes présents aux Jeux de Berlin de 1936, que Xavier Bétaucourt et Didier Pagot nous présentent les deux faces de Pierre de Coubertin. Un homme inventif et déterminé, mais marqué par les idées de son temps qui, à la fin de sa vie, se sentit incompris et humilié par les modifications que subissaient les Jeux.
L’évolution dans le sport et la société allait à l'encontre de ce qu'il avait imaginé pour ses jeux !
Ne m'intéressant pas aux Jeux Olympiques de façon générale, j'ai voulu cependant en savoir un peu plus ainsi que sur l'homme qui en a eu l'idée. A quelques semaines de l'ouverture des Jeux, c'était le moment idéal pour lire cette BD.
Elle commence sur l'ouverture des Jeux de Berlin le 1 août 1936 et se clôt à la même date. Entre les deux, elle nous présente la genèse et l'évolution des Jeux depuis que le baron Pierre de Coubertin a proclamé la naissance du Comité International Olympique (CIO) le 23 juin 1894 à La Sorbonne. Les Jeux auraient lieu tous les quatre ans. Une fois l'idée lancée, sa mise en oeuvre et sa pérennité ne furent pas un long fleuve tranquille. Les Jeux ont toujours été liés à des considérations politiques et économiques. La personnalité colérique, intransigeante et l'égo surdimensionné de Pierre de Coubertin n'ont pas toujours facilité les choses.
Il croyait avec ferveur au sport comme vecteur de paix et souhaitait que celui-ci soit développé chez les jeunes. Il était lui même un sportif accompli qui pratiquait aviron, escrime, boxe, équitation, tir au pistolet.
Mais la BD s'attache également à montrer le côté sombre du baron; c'était un raciste et un colonialiste convaincu qui croyait et professait l'inégalité des races, le sport devant être un instrument au service de la colonisation. C'était également un misogyne intransigeant qui s'est opposé fermement à ce que des femmes participent à des épreuves d'athlétisme, affirmant que le rôle des femmes était d'être de bonnes épouses et de bonnes mères. Mais il n'a pu arrêter l'évolution puisqu'en 1928, à Amsterdam, des femmes participent à 5 épreuves d'athlétisme (Pierre de Coubertin avait démissionné du CIO en 1925). Enfin, c'était un grand admirateur d'Hitler.
C'était un homme de conviction, avec sa part d'ombre, qui ne voulait pas que son bébé lui échappe, qui aimait les honneurs, les mondanités et était très élitiste. Il a fini ruiné, dépressif car aucun de ses projets sur l'éducation, après qu'il ait quitté le CIO, n'a pu aboutir.
Grâce à cette BD, j'ai beaucoup appris sur l'histoire des Jeux et sur Pierre de Coubertin; ce fut passionnant, facile et agréable. Je n'aurais certainement pas lu une biographie de l'homme ou une histoire des Jeux, vu le peu d'intérêt que je porte à ce thème.
#PierredeCoubertin #NetGalleyFrance
Citus, Altius, Fortius – Plus vite, plus haut, plus fort.
BD passionnante pour les amoureux du sport, d’histoire ou simplement de récits bien construits et bien documentés.
Tous les lecteurs, quoi ! …
Xavier Bétaucourt reconstitue avec beaucoup de fluidité, l’histoire des JO depuis 1896, les objectifs et la personnalité du baron Pierre de Coubertin.
1896 – Pierre de Coubertin est Secrétaire Général d’une association sportive et affiche sa volonté : rétablir les JO arrêtés depuis le IVème siècle.
Avec deux objectifs essentiels :
- L’importance pédagogique de l’introduction du sport dans l’éducation scolaire. A l’époque, « le sport est considéré comme du temps perdu. »
Lui-même pratique l’escrime, l’équitation, l’aviron et la boxe.
- Un vecteur de paix : s’affronter à l’intérieur d’un stade plutôt que sur les champs de bataille…
Car c’est cela l’esprit Coubertin : Fédérer pour oublier ses différents et grandir avec le sport.
Les premiers JO à Athènes en 1896 sont plutôt inorganisés, mais cela a quand même fonctionné. Il faut maintenant créer le Comité d’organisation des JO. C’est fait dès 1898.
Paris en 1900, préférera des rencontres sportives et boudera les JO. Les suivants auront lieu aux USA en 1904.
Puis Xavier Bétaucourt décline les JO suivants avec humour et précision. Ou, « Le sport et la géopolitique doivent cohabiter. » Déjà…
Par exemple, à Londres, en 1908, « la question des Dominions pour l’empire britannique se pose ». Quels drapeaux pour les canadiens, pour les australiens ?
Le pseudo fair-play anglais fait sourire jaune avec des juges essentiellement britanniques… La distance du marathon (42,195 km) est ajustée à la volonté royale…
Ce qui constitue tout l’intérêt de cette reconstitution des JO, c’est que sans cesse, la politique internationale intervient et qu'il est indispensable de s’adapter aux régimes en place.
« Il a fallu attendre Amsterdam, en 1928, pour que tous les athlètes soient de retour dans l’olympisme de Coubertin. » Durant ces jeux, « 277 femmes participent à une révolution. Pour la première fois, cinq épreuves d’athlétisme leur sont ouvertes. »
« Le CIO composé d’hommes a accepté la participation à ces épreuves réservées. Une défaite pour Coubertin. »
Entre temps, Xavier Bétaucourt revient sur sa vie et sa personnalité. Né en 1863 d’une famille légitimiste, il ralliera rapidement la République et ses valeurs, en conservant un esprit misogyne, élitiste et colonialiste : « Réfléchissons d’abord à ce qui tourmente l’âme africaine. Des forces inemployées, de la paresse individuelle et une sorte de besoin collectif d’actions. Mille rancunes, mille jalousies contre l’homme blanc et l’envie cependant de l’imiter. (…) Je pense que les sports, à condition de ne pas leur laisser prendre des apparences trop militaires qui pourraient aider à préparer quelque rébellion future, doivent être encouragés chez l’indigène et chez le gouvernant. Ils engendrent toutes sortes de bonnes qualités sociales, d’hygiène, de propreté, d’ordre, de self-control.
Ne vaut-il pas mieux que les indigènes soient en possession de pareilles qualités ? Et ne seront-ils pas ainsi plus maniables ?
Un homme fasciné par le nazisme : « j’admire intensément Hitler. Il est en train de devenir le chef de la nouvelle Europe et, bientôt peut-être, le chef du nouveau monde qui se lève. »
Un idéaliste colérique, autoritaire, intransigeant, voire psychorigide, mais tout entier focalisé sur son objectif. La face obscure du Baron….
Néanmoins, sa détermination farouche a permis de rassembler sous la bannière du sport, les différentes nations.
Une biographie passionnante, enrichie par l’évolution des JO, traitée avec justesse et précision. Servie par un dessin et des couleurs qui mettent en valeur le scénario.
Un vrai moment de plaisir !
Je remercie NetGalley et les Editions Steinkis de m’avoir offert cet ouvrage.
https://commelaplume.blogspot.com/
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