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Découvrez Photo-Photo, le livre de Marie Nimier. Il est une question que l'on me pose souvent, la question des idées. Comment elles arrivent, où je les pêche, le fameux "mais où va-t-elle chercher tout ça". De quelle façon s'est imposée, en l'occurrence, l'idée d'écrire un roman à partir d'une séance photo avec Karl Lagerfeld ? J'ai tendance à répondre que les idées n'existent pas, qu'il n'y a que du temps.
Ou si elles existent, elles ont bien peu à faire avec la pratique du roman, son écriture au jour le jour. Elles sont là en amont, couvrent des pages de notes préparatoires, puis fondent comme neige au soleil. Restent les parties du corps qu'elles ont mises en lumière, les lignes qu'elles ont inspirées.
L'apparition d'un chat. Le clignement d'une paupière. Des chaussures vert tilleul. Deux lettres, un angle, une jetée. Un voyage à Baden-Baden, le rendez-vous des évaporés. La douceur de la bouche de Frederika, son velouté.
A tout seigneur tout honneur, Photo-photo est ma première lecture de la rentrée littéraire. C’est que Marie Nimier est une reine, reine du silence hier, aujourd’hui reine de la mélancolie au travers de ce dernier opus, moins un roman qu’un vagabondage sentimental, une sorte de valse lente qui réorchestre le tourbillon de la vie en un jeu marabout-bout-de-ficelle enjoué quoique nimbé de nostalgie : l’éloignement de l’homme aimé, l’enfance dont on ne se remet pas, la figure du père, la vie qui égratigne plus qu’elle ne console, les petites misères du corps et les bleus à l’âme.
Karl Lagerfeld est le fil rouge (fil noir ?) du roman, qui entre dans la vie de la narratrice (romancière) par l’entremise d’une photo à réaliser pour un magazine. KL dans un roman ! Ne le rencontre-t’-on pas assez comme ça, vautrant son dandysme (et son talent) dans la bauge people ? Bon, le personnage qu’il (sur)joue est à sa place ici pour nourrir ce que l’on appellera l’intrigue faute d’autre mot en mode mineur. Paraissent singulièrement une vieille dame indigne, une masseuse allemande qui exerce ses soins aux thermes de Caracalla à Baden-Baden et… une paire de baskets couleur vert tilleul.
Comment viennent les idées à la romancière, comment se construit le roman ? Marie Nimier dit joliment : « J’ai tendance à répondre que les idées n’existent pas, qu’il n’y a que le temps ». Le temps et un art consommé de nous enchanter à coups de pinceau minuscules dont l’achèvement révèle les secrets de la vie, comme ces dessins d’enfants en miroir de leur karma, à la racine des arts premiers. Bravo l’artiste !
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