« Le lyrisme de Sylvie Sauvage est mouvement intérieur. Ses noces avec la nature, l'élan qui la porte, adolescente amoureuse de la nuit, de la mer et du vent sont d'une discrétion singulière : confidences à elle-même. Modeste instrument de son alliance avec l'infini, de sa révélation du cosmos : la balançoire du jardin qui à la fois la berce et lui permet de « renverser » l'univers et, « bousculant le vent », la conduit à n'être plus « ni d'aucun temps, ni d'aucun lieu, ni d'aucune compagnie ». Le pari n'était pas facile à gagner d'unir la simplicité d'un jardin dans la nuit d'hiver noyée de pluie et la « tentation de la chambre douce et du lit blanc » avec « les lentes déraisons de la mer titubante et hautaine ». Sylvie Sauvage y réussit avec une précoce maîtrise, affirmant sa solitude (solitude de poète et non de petite fille) avec une tranquille certitude. Elle ne prend pas son luth et son baiser à la Muse garde ses distances. Ni défi, ni faciles désespoirs. Les souvenirs sont là « comme des mains qui attirent en arrière » mais le jamais plus est ici toujours traversé de joie. » Ainsi s'ouvrait la préface de la romancière Marie-louise Haumont au Petit voyage dans un monde ancien, qui reçut le Prix de la Crypte 1997. À ce premier recueil, d'une vingtaine de pages, s'en sont ajoutés trois autres, formant le présent ouvrage. Si cet ensemble de poèmes, écrits entre 1990 et 2009, est aujourd'hui publié sous le même titre, c'est qu'il nous donne à lire un itinéraire poétique et humain, un double voyage dans l'espace et le temps : voyage à la fois intérieur et étroitement rattaché à la nature, au cours duquel l'expérience de la joie comme des épreuves ne détourne jamais d'une attention ardente, interrogative, portée au monde, ni d'une parole qui célèbre l'ouvert.
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