En 1542 le pape Paul III (Alexandre Farnèse), d'entente avec Michel-Ange, chargea Perino del Vaga (1501-1547) de composer un soubassement en tapisserie pour la fresque du Jugement dernier qui venait d'être peinte sur le mur de l'autel de la chapelle Sixtine. Le panneau de Perino n'a jamais été réalisé mais la maquette sur toile, qui était restée au Vatican, réapparut aux cours des années 1630 à Imola, où elle fut achetée par le cardinal Bernardino Spada.
Celui-ci la fit transporter à Rome, dans son palais qui est aujourd'hui le siège de la Galerie Spada, où elle se trouve encore actuellement. Changeant radicalement de destination, l'oeuvre fut alors montée dans le cabinet de travail du cardinal pour y servir de frise ornementale au sommet d'une des parois et, pour compléter la décoration, des artistes français et italiens furent charger de copier ou d'intégrer certaines de ses parties.
Ce volume présente pour la première fois une analyse approfondie et richement illustrée de ce panneau (ou "spalliera", comme l'avait appelé Vasari), qui passe par la reconstitution de l'histoire de la toile et par la mise en lumière de l'importance particulière de cette composition au sein du parcours artistique de Perino et dans son dialogue, intense et ininterrompu, avec l'univers créatif de Michel-Ange.
Ces travaux ont également permis de faire ressortir le soin accordé par Michel-Ange à la composante ornementale, apparemment aux antipodes de la dimension héroïque associée à la redécouverte de sa personnalité et de son oeuvre, et à définir le rôle fondamental de Perino dans la transmission de la leçon du maître aux artistes des générations suivantes, non pas comme une imitation passive mais filtrée à travers d'autres modèles.
La grande fortune qu'a connue l'invention de la "spalliera" aux XVIe et XVIIe siècles est examinée à travers l'étude, jamais tentée jusqu'ici, d'un groupe de dessins de différents artistes, qui a conduit à la reconstitution de séries de variantes attestant de son succès jusqu'en plein âge baroque, comme le montre le cas de Rubens. En fin de volume un vaste répertoire chronologique de sources et de documents, publiés et inédits, relatifs à la dernière décennie d'activité de Perino permet de mieux situer l'entreprise à l'intérieur des années extraordinairement fécondes et riches de conséquences que le peintre a passées dans la Rome des Farnèse.
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