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L'écrivain mexicain Juan Villoro nous guide dans un voyage autour d'une table, celle de l'écrivain de fictions. La lutte ardue et difficile contre la page blanche, reflète incertitudes et doutes que tout écrivain doit livrer au cours du processus créatif. "Qu'est-ce qui nous fait passer la majeure partie de notre vie devant une table en plein chaos ?", se demande Villoro. Dans cet essai lucide, nous découvrons que les livres ne veulent pas être écrits et que tout le monde ne possède pas les conditions psychologiques et existentielles pour se battre contre la résistance qui amène les écrivains à s'éloigner des autres et à créer un monde parallèle.
« Qu'est-ce qui nous pousse à passer la plus grande partie de notre vie derrière une table où règne le chaos ? La littérature est une passion, un vice et une condamnation » écrit le romancier uruguayen Juan Carlos Onetti, que cite l'auteur page 15.
C'est la thèse que va s'attacher à justifier Juan Villoro dans ce fascicule bilingue espagnol/français de 85 pages qui présente une compilation de 5 chroniques autour d'un thème commun : la condition de l'écrivain de fictions, dans sa condition de créateur, seul face à sa table de travail .
Une condition qui relève de celle du héros tragique du théâtre grec. (N 'oublions pas que le terme passion vient d'un terme grec qui signifie douleur ….). A la fois homme et démiurge, l''auteur se voit condamné à créer dans la douleur, il devient une sorte de martyr de la création . L'idée lui résiste, pour la traduire, il lui faut souffrir.
Juan Villoro analyse les étapes du processus mental de la création littéraire, de l'idée à sa traduction.
L'auteur de fiction met de lui dans ses personnages, il crée leur parcours, vit avec et par eux . Animé d'une fièvre créatrice, perpétuel insatisfait, il n' a de cesse d'affiner la forme, de chercher le mot juste, de réécrire, passant par des moments de doute , de découragement, états qui peuvent en arriver à perturber son propre équilibre mental .
Pour illustrer ses arguments, Juan Villoro prend fréquemment des exemples parmi les écrivains hispanophones tels que Borges, Roberto Bolano , mais les trouve aussi parmi des auteurs européens : Balzac, Dickens ou Emmanuel Carrère, par exemple.
Nourri aussi de l'expérience personnelle d'intellectuel aux nombreuses publications qu'est Villoro, ce court opus , essentiellement théorique est sobrement rédigé, en phrases plutôt courtes, sans « jargon », ce qui facilite sa compréhension pour celui qui n'est que simple lecteur, curieux cependant de connaître le processus mental qui préside à la création des ouvrages dont il se délecte, et les coulisses de l'écriture .
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