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Étincelant et provocateur, un roman d'une grande honnêteté sur une femme au crépuscule de sa vie, prête à en faire le bilan. Une oeuvre lumineuse, portée par le style remarquable de celle que Salman Rushdie considère comme « une des plus grandes autrices de notre temps ».
À quatre-vingt-un ans, Lilia a enterré trois maris, élevé cinq enfants et vu naître dix-sept petits-enfants. L'heure est venue de vivre un peu pour elle. Et de se plonger dans un livre qui l'intrigue : le journal d'un certain Roland Bouley, un auteur resté obscur mais qui occupe une place particulière dans son existence.
Et pour cause, Lilia l'a connu en 1945, quand Roland était vaguement en poste aux Nations unies. Quand ce séducteur invétéré papillonnait de l'une à l'autre en promettant le mariage à toutes. Quand Lilia vivait dans une ferme avec son père veuf et ses nombreux frères et soeurs. Elle avait seize ans, elle était vive et délurée. Elle voulait échapper à sa vie, et Roland est arrivé.
Aujourd'hui, Lilia est curieuse de découvrir le journal de celui qu'elle n'a jamais oublié. De découvrir aussi ce que ce journal dit de sa vie à elle, de la vie qu'ils auraient pu avoir et de la vie qu'elle a menée, malgré tout...
Découvrir à 81 ans le journal de vie de celui qu'on a aimé, tout en traversant un bout d'histoire du XX e siècle.
Yiyun Li est une écrivaine sino-américaine née à Pékin, actuellement enseignante à Princeton. Elle a publié 10 livres et reçu plusieurs distinctions : les prix de Faulkner, Hemingway, Campbell, Médicis étranger en France, les bourses Mac Arthur et Guggenheim.
Elle suit tout d'abord une formation d'immunologie puis se tourne vers le journalisme littéraire. Elle passe ainsi de la médecine à la littérature et s'en expliquera dans l'essai qu'elle écrit pendant son hospitalisation, suite à une forte dépression en 2012 avec tentative de suicide.
Tout ceci me parait utile pour comprendre d'où provient cette langue profonde et proche des tourments humains. C'est en lisant les premiers chapitres que j'ai eu besoin de m'avancer un peu plus vers la vie de cette femme.
Lilia, l'héroïne dont elle s'empare pour parler à la fois du vieillissement, de la vie en maison de retraite, des vies difficiles des veuves mais aussi de l'amour et de ce passé que l'on frôle parfois sans le savoir.
Lilia a quatre-vingt un ans, cinq enfants, dix sept petits-enfants et est trois fois veuve. Son caractère bien trempé chevillé au corps en fait voir de toutes les couleurs à son entourage. Jusqu'au jour où elle met la main sur les souvenirs de vie d'un certain Roland. Elle entreprend de lui répondre également par écrit. Sa lecture la plonge dans la vie de cet amoureux dont elle a sa première fille Lucy, sans qu'il ne l'ait su. Lucy s'est suicidée à vingt sept ans, deux mois après son accouchement, et c'est à Katherine, la fille de Lucy que Lilia cherche à transmettre des choses.
A travers la lecture du journal de Roland elle découvre ses amours à lui, ses questionnements sur la vie. Certains contenus du journal sont hyper complets, (même trop parfois) alors que pour sa vie à Hong Kong et Shanghai nous resterons dans un flou assez étonnant ; flou certainement volontaire de la part de l'autrice mais déstabilisant pour le lecteur.
Mais dans la lecture de ce journal ce qu'elle cherche aussi, ce qu'elle attend probablement le plus, ce pourrait bien être les mots de Roland la concernant elle.
Ce livre est jalonné d'attitudes piquantes de la part de Lilia, de drôleries, mais également de tristesses et de chagrins. C'est un gentil moment de lecture. J'aurais juste aimé en apprendre davantage sur l'histoire Japon/Canada.
Lilia est une vieille dame de quatre-vingts ans qui a enterré trois maris et l’une de ses filles et élevé cinq enfants. Dix-sept petits enfants sont nés. Une vie bien remplie donc. Mais Lilia est loin d’être une grand-mère gâteau et si l’âge est venu, elle n’a rien perdu de son mordant et de sa causticité. Et c’est justement parce qu’elle est à présent âgée que Lilia va s’autoriser une plongée dans son passé et dans celui d’un homme, Roland, qui fut son amant à travers des journaux intimes dont elle va commenter certaines pages pour sa petite-fille et son arrière-petite-fille. Car Roland est le père de Lucy, la fille aînée de Lilia, qui a mis fin à ses jours. Et dont Roland a toujours ignoré l’existence.
On pourrait croire que ce livre est très sombre : le temps qui passe, la perte d’un enfant, le deuil, les histoires d’amour ratées… mais pas du tout. Et cela grâce au caractère de Lilia. Car cette vieille dame a conservé un très grand esprit critique et tant pis si cela ne plaît pas toujours.
La lecture se fait donc à un double niveau. Le lecteur découvre les journaux intimes de Roland, ou plutôt les extraits que Lilia conserve pour ses descendantes. En parallèle, on lira les commentaires de Lilia sur la personnalité de Roland mais surtout sur ce que cela lui inspire par rapport à sa propre vie. A travers le personnage de Lilia, l’auteure explore la relation filiale, plus précisément la relation mère-fille, mais aussi les relations familiales au sens large, la relation amoureuse et les difficultés de communication entre les êtres. Mais aussi la culpabilité qui étreint ceux dont l’enfant s’est suicidé et les interrogations que cela soulève.
C’est un portrait très subtil d’une femme qu’on pourrait croire froide, mais dont on comprend très vite que la distance et l’ironie ont été des armes pour se protéger de la peine. Celle d’avoir été abandonnée par Roland, celle d’avoir perdu sa fille. De son côté, Roland est dépeint comme un homme séducteur, collectionnant les maîtresses mais hanté par une femme, Sidelle, peut-être la seule qu’il ait réellement aimée.
C’est très agréable à lire, d’autant que la construction du récit à deux voix est originale et enrichit le roman. Une très belle découverte.
Lilia est la narratrice du roman. Cette vieille dame fait aujourd’hui le bilan de sa vie et se concentre sur deux personnes qui l’ont marquée : Roland, celui avec qui elle a eu une aventure amoureuse à l’âge de seize ans et qui ignorait qu’elle était tombée enceinte à son départ. Et il y a Lucy, leur fille qu’elle a élevée avec Gilbert, son mari et qui s’est suicidée à l’âge de 28 ans.
Lilia porte un regard lucide sur sa vie et sur ceux qui l’ont entourée. J’ai été très touchée par la plume de Yiyun Li et ses mots extrêmement justes. Elle parle d’amour, de désir, de famille, du lien mère/enfant (et surtout mère/fille) et de nombreux autres sujets encore.
En revanche, j’ai été moins convaincue par l’histoire, qui reste assez plate. Dans ce livre, nous oscillons entre les extraits de journal intime de Roland, publié à sa mort et les commentaires de Lilia. J’ai trouvé certains passages assez longuets et j’attendais un sursaut qui n’est pas venu.
Pour conclure, un récit en demi-teinte qui m’a toutefois fait découvrir une très belle plume.
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