"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je travaille dans un vieil hôpital. Le Maître, digne professeur, ami de Hans Bellmer et d'Oskar Kokoschka, très humain et très vivant, d'un grand âge, l'oeil vif encore, la réplique aussi, dans cette langue d'ici qui est un dialecte allemand. Certes, je ne crois plus à cette vocation. Une transformation étrange s'est faite en moi. Elle a commencé il y a déjà longtemps. J'en ignore l'aboutissement. Ce travail de médecin, je le ferai. J'ai trouvé le cadre qui peut, dans ces conditions, me convenir le mieux : cette clinique humaine, qui ne se prétend pas scientifique et parle à l'homme. Discipline suffisante pour me tenir en main. Ce travail me permettra de vivre, d'entretenir une famille sans m'anéantir. Au-delà de cette activité, je saurai bien retrouver la vraie vie, qui est cette sève riche et chaude, ma religion : l'ART. Cette période sera difficile. Je le sais. Il faudra percer le mur auquel je me heurte. J'ai connu une liberté divine que la prison même ne saurait m'arracher. Un jour que je pressens, mais qui est peut-être encore très loin, m'apportera la lumière sur ce que je dois faire. L'homme doit choisir et, une fois compromis, ne pas tenter l'évasion.
Malgré moi, j'éclaterai. Comme une graine mûre. Ah Cézanne, ah Gauguin, vous êtes pour moi des exemples terribles. Le problème auquel je dois réfléchir et pour lequel je dois trouver une solution est celui-ci : comment exprimer ce qui fermente en moi ? Toute mon angoisse vient de là, je crois. J'erre à la recherche de cet outil et ne le trouve pas. En être conscient est déjà un grand pas vers la lumière.
Celui qu'on appelait «Pap's» reste une énigme pour ceux qui l'ont connu... Avant de mourir, il m'a remis des cahiers à couverture noire en disant : «Tu en feras ce que tu voudras»... Quinze ans après sa mort, j'ouvre ces cahiers et décide de raconter l'aventure (années quarante et cinquante) d'un fils de facteur des postes qui se rêvait écrivain... Ce fils de facteur des postes deviendra le premier cardiologue d'une ville de vingt mille habitants... Il faut l'ami, entre autres, de Charles-Albert Cingria, Philippe Jaccottet, Lélo Fiaux, Georges Borgeaud, Gustave Roud, Carlo Coccioli...
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