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Fabienne Périneau s'inspire de sa vie et de sa rencontre avec Marguerite Duras, et soulève une question :
Un roman, une pièce de théâtre, une chanson, peuvent-ils sauver une vie ?
Un jour à la radio, elle entend une chorégraphe parler de son enfance traversée d'épreuves.
-; Comment avez-vous fait pour vous en sortir ? demande la journaliste.
-; C'est Patti Smith qui m'a sauvée.
Elle, c'était Marguerite Duras.
Elle est encore toute jeune actrice lorsqu'elle découvre Agatha de Marguerite Duras. Grâce à ce livre, elle se sent débarrassée. Le poids en moins. Comme quand elle avait dix ans, qu'elle avait encore un prénom.
Alors que jusque-là Duras avait refusé de donner les droits de la pièce à tous les metteurs en scène, célèbres ou pas, c'est à la jeune actrice qu'elle les donne. Agatha, c'est elle. La complicité est immédiate entre les deux femmes malgré le demi-siècle qui les sépare.
Elle, va jouer Agatha. Sera définitivement débarrassée.
Croit-elle.
Car un jour, les blessures ressurgissent. Elles ressurgissent toujours.
Marquée par son interprétation d'Agatha et sa rencontre avec Marguerite Duras, Fabienne Périneau, d'un style bref et ciselé, parvient à décrire l'indicible. Un roman sur le coup de foudre d'une jeune fille pour un texte, son identification, sur les pouvoirs de la littérature et la force des passions.
Fabienne Perineau, dans Oser, sortir et crier, livre un roman sensible et émouvant sur son parcours de comédienne, son cheminement personnel où la lumière qu’elle a choisi de suivre rayonne comme la blondeur de sa chevelure, malgré les douleurs chuchotées avec pudeur à nos oreilles.
« Gros gras grand grain d’orge quand te dégros gras grand grain d’orgeras-tu? » Le théâtre a ouvert ses bras dès l’adolescence de Fabienne Perineau. La carrière de la comédienne commença par Elle d’Agatha de Marguerite Duras à peine vingt ans.
– « Agatha, c’est moi. C’est ça, avoir l’âge du personnage. Toute ma vie, elle aura mon âge. J’en ai dix-neuf et elle en a dix-neuf. J’en aurais quarante, et elle aura quarante. Même à quatre-vingt-dix ans, elle aura mon âge, parce qu’Agatha, c’est moi », ose-t-elle déclarer devant une Marguerite Duras, médusée devant tant de hardiesse !
Combat avec l’art pour soutien
Un texte comme un étendard porté en lumière pour prononcer des mots qui ne peuvent se dire dans la vie de tous les jours. L’âge venant il semble temps de regarder enfin en arrière, non pas pour regretter, absolument pas, mais pour révéler que les mots d’une autre ont porté jusqu’à son inconscient pour lui permettre de ne jamais être touché par le venin inhibiteur de la souffrance.
La lumière, Fabienne Perineau la choisit pour ne jamais la quitter, comme un parti pris face aux vicissitudes de la vie. L’amour, le désir et l’ambition ont porté la jeune toulousaine issue d’un milieu bourgeois guindé aux planches des théâtres parisiens et aux différentes scènes françaises puis sur les écrans, petits et grands.
Toute une vie pour apprendre à dénicher son désir, à savoir dire non quand ce n’était que le désir de l’autre qu’elle ressentait et à ne plus faire de concessions sur ses choix, loin des projecteurs et de l’amour tendre de Samuel L, au bel imperméable qui protège encore un jour par an.
Difficile de dire la séparation entre le roman et l’autobiographie, car le texte devient hybride avec ce style sec, qui pose les événements d’une vie en reprenant le Elle de Marguerite Duras.
Je découvre avec Oser, sortir et crier la voix littéraire de Fabienne Perineau. Pudique, rayonnante et sincère, celle-ci raconte une vie où la passion pour l’art a permis de dépasser l’indicible, de cheminer vers sa liberté et trouver enfin la sérénité.
Un témoignage rare d’un combat de lumière !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/09/08/fabienne-perineau-oser-sortir/
Une femme sauvée par Marguerite Duras ; une femme qui se veut actrice et n’aspire qu’à jouer Ag atha de Marguerite Duras. Une plongée tête baissée dans ce texte de théâtre pour survivre aux fantômes du passé qui remontent à la surface.
C’est le premier roman que je lis de Fabienne Périneau et j’ai été conquise par la façon si discrète d’aborder des sujets intimes, par son écriture aux phrases courtes, très courtes, au style ciselé, heureux mélange de délicatesse et de force.
C’est un roman qui se lit très vite, dont on ne se relève qu’en le refermant et qui traduit merveilleusement bien les pouvoirs de la littérature sur la vie d’une femme, la force des sentiments et le théâtre comme bouée de sauvetage.
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