La première liste consacrée à la rentrée littéraire n'a pas suffi ? Voici la suite !
Qui a lu l'oeuvre publiée de Yann Moix sait déjà qu'il est prisonnier d'un passé qu'il vénère alors qu'il y fut lacéré, humilité, fracassé.
Mais ce cauchemar intime de l'enfance ne faisait l'objet que d'allusions fugaces ou était traité sur un mode burlesque alors qu'il constitue ici le coeur du roman et qu'il est restitué dans toute sa nudité.
Pour la première fois, l'auteur raconte l'obscurité ininterrompue de l'enfance, en deux grandes parties (dedans/dehors) où les mêmes années sont revisitées en autant de brefs chapitres (scandés par les changements de classe, de la maternelle à la classe de mathématiques spéciales).
Dedans : entre les murs de la maison familiale.
Dehors : l'école, les amis, les amours.
Roman de l'enfance qui raconte le cosmos inhabitable où l'auteur a habité, où il habite encore, et qui l'habitera jusqu'à sa mort, car d'Orléans, capitale de ses plaies, il ne pourra jamais s'échapper.
Un texte habité, d'une poésie et d'une beauté rares, où chaque paysage, chaque odeur, chaque mot, semble avoir été fixé par des capteurs de sensibilité saturés de malheur, dans ce présentéisme des enfants martyrs.
Aucun pathos ici, aucune plainte, mais une profonde et puissante mélancolie qui est le chant des grands traumatisés.
La première liste consacrée à la rentrée littéraire n'a pas suffi ? Voici la suite !
Je n’étais pas sûre de vouloir le lire mais je l’ai eu entre les mains et lors d’un voyage en train je me suis plongée dedans. La première partie « Dedans » relate tous les sévices dus à ses parents, c’est glauque, sordide, crédible ? La seconde partie « Dehors » reprend sa vie de la maternelle à math spé. A part quelques nymphettes dont il tombe amoureux, tous les autres (instits, profs, voisins, médecins…) sont moches et méchants. En conclusion Yann Moix me fait pitié, tellement de haine et d’apitoiement de soi… qu’il n’aille pas mieux à son âge après toutes ses thérapies, c’est triste.
Un livre qui pourrait faire penser à Dickens... Une lecture un peu laborieuse de tant de souvenirs pénibles vécus par l'auteur. Malgré la langue érudite et précise la lecture ne m'a pas permis de m'y plonger totalement car il m'a semblé qu'elle alourdi le propos. La seconde partie qui touche à ses années d'étude m'ont plus intéressée mais n'en reste pas moins un peu lourde de citations et de tentatives amoureuses déçues accumulées.
Merci...
Ai abordé ce livre avec appréhension ,mais quelle heureuse surprise!Une plume désuètement élégante pour écrire ce"roman d'humiliation"...
"On pouvait désormais faire de moi ce qu'on voudrait,je possédais un pouvoir irrévocable:écrire."
Quelle enfance,martyrisé,détesté,avec des parents qui s'acharnent à détruire tout ce qui l'attire,Yann est happé par la littérature:Gide,Péguy,Ponge,"il s'agissait...de se confronter à la belle nudité du texte..."
Son père s'acharne ,lui impose des études de mathématiques,auxquelles il va devenir allergique.Ses évocations amoureuses font sourire ,même si là aussi,ce sont humiliations et échecs.
Puis vint la philosophie...
"...ce qui est cassé ne se répare pas;ce qui est brisé se brise chaque jour davantage."
J'aime la prose délicate,classique de l'auteur.Comme il le préconise lui-même,délaissons l'homme,les polémiques pour se centrer sur le texte,rien que le texte!
Comme vous l’avez surement remarqué (à moins d’être enfermé dans une grotte), ce livre a fait beaucoup de remous lors de sa sortie à la rentrée littéraire. Il est à l’origine d’une guerre sans merci entre les membres de la famille Moix, qui rivalisent tous dans l’art de discréditer l’autre… Mais voilà, mon blog n’a pas vocation à s’étendre sur les polémiques et je vais juste tenter de parler humblement de littérature.
Pour nous raconter son enfance, l’auteur découpe son histoire en deux parties distinctes. La première nous expose les évènements qui se sont déroulés dans sa maison familiale et la seconde à l’école. A chaque année scolaire, une anecdote. Même si les violences de ses parents sont au cœur de l’histoire et sont assez choquantes, le reste du livre est un ensemble de souvenirs nostalgiques qui font de Yann Moix l’homme qu’il est aujourd’hui. Il est question d’études, de filles, de musique et surtout de littérature. Il en profite pour faire une ode à ses écrivains fétiches, sans qui il ne s’en serait pas sorti.
Mais ce qui fait de ce recueil de mémoires, un grand livre, c’est sa langue de haut niveau. En effet, contrairement à ses œuvres précédentes, l’auteur a su épuré son style, moins ampoulé. Bien sûr, son écriture reste d’un classicisme suranné et dérangera certains lecteurs, mais pour moi ce résultat est tout simplement magnifique. Le texte est maîtrisé et les mots toujours justes. Je me suis même surpris à relire des passages afin d’en apprécier les tournures.
Yann Moix est un être que j’adulais à une époque pour ses réflexions intelligentes, qui ensuite m’a rebuté (dans sa période télévisée) par sa méchanceté gratuite. Sur le plan humain, il m’est aujourd’hui indifférent mais forcé de constater que c’est un sacré écrivain ! Il manie notre « bon vieux français » avec talent et « Orléans » en est une démonstration éclatante.
http://leslivresdek79.com/2019/10/01/493-yann-moix-orleans/
Mon Dieu! Trop de brui pour ça!
Le roman de Yann Moix aurait dû figurer sur la liste du Goncourt. Mais ce roman est un durian (l’auteur aime les fruits asiatiques). Il sent mauvais (les récentes polémiques familiales, les productions antisémites). Il pique (l’agressivité du tribun télévisuel). Il intrigue, il attire mais au final, il est exquis ! À la fin du premier chapitre, j’étais cependant face à un dilemme. Ou je me laissais influencer par les soupçons de mythomanie aggravée, et dès lors, le martyr supposé de l’auteur devenait scandaleux, illisible. Ou je faisais abstraction de Moi X Moi = Moix, de son goût exagéré pour la lumière, et je ne m’intéressais qu’au texte. J’ai choisi la deuxième option, sachant que l’autofiction m’indispose - sauf si le vécu est fort et le style mémorable. C’est le cas de ce livre, truffé de trésors, de passages inoubliables et fulgurants : sur la mère (p17), la souffrance (p39), le désir (p91), l’écriture (p100), la libération du père (p130), l’optimisme (p176), le génie (p240), l’aventure des femmes... J’ai parfois remplacé son « je » par un « il », comme s’il parlait d’un autre. Son récit devient alors universel : un enfant que la littérature protège des agressions (parentales). Les pages d’amour dédiées à ses sauveurs, Péguy, Gide, Sartre ou Ponge, sont émouvantes. Je me suis moins intéressée au « dedans » (le foyer de violences) qu’au « dehors » où la sincérité affleure, où la poésie de l’auteur éclate, débarrassée de la nécessité d’exorciser le mal. Je suis d’avis qu’on pardonne son exhibitionnisme à cet amant des lettres, à cet enfant terrible de la littérature française qu’est Yann Moix. Ses excès, ses turpitudes sont les produits de sa seule faiblesse : enrager d’écrire pour exister.
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/08/orleans-de-yann-moix.html
Dans ce récit autobiographique, Yann Moix raconte son enfance, il scinde son texte en deux grandes parties, Dedans et Dehors, dans lesquelles il retrace son histoire dans de courts chapitres scandés par les changements de classe, de la maternelle aux classes préparatoires scientifiques. Chaque chapitre relate un moment d'une de ces années scolaires. Dedans c'est sa vie au sein de la cellule familiale à Orléans ; Dehors, c'est sa vie en dehors de sa famille, l'école, la rue, ses amis et ses premières amours. Les deux parties suivent exactement la même chronologie.
La première partie est glaçante car Yann Moix y raconte son enfance martyrisée soumis à la violence physique et psychologique de ses deux parents qui ne craignent pas de lui dire qu'ils préféreraient le voir mort. Coups, insultes, humiliations se succèdent de la part de parents qui semblent être de sombres brutes perverses et sadiques. Yann Moix décrit des scènes d'une insoutenable cruauté d'une façon assez factuelle n'évoquant qu’occasionnellement ses ressentis, ses réactions face aux sévices que la folie de ses parents lui fait subir. Très solitaire, il trouve, dès l'âge de neuf ans, refuge auprès d'André Gide " il revivait en moi tandis que je survivais en lui" , premier pas vers une passion pour la littérature qui le sauvera même si ses parents l'ont contraint à s'engager dans des études scientifiques alors qu'il détestait les mathématiques.
Dans la deuxième partie ses obsessions sexuelles prennent beaucoup de place. Yann Moix s'étend sur ses fantasmes sur une fille différente à chaque chapitre. Ce qui est saisissant c'est la séparation entre ses deux mondes, Dedans et Dehors, car aucune allusion aux traitements qu'il subit chez lui n’apparaît dans cette deuxième partie. De la même façon, dans la première partie l'indifférence du monde extérieur, l'absence de soutien des enseignants, des voisins n'ont pas manqué de m'interroger. Deux mondes irrémédiablement étanches au sein desquels sa passion pour la littérature se renforce et se prolonge dans son désir d'écrire, d'abord en imitant les mots de ses maîtres puis en trouvant sa propre langue jusqu'à la publication de son premier roman.
Autant la première partie est un témoignage fort, glaçant qui peut permettre de comprendre le personnage public qu'est devenu Yann Moix, autant les fantasmes qu'il étale dans la deuxième partie m'ont profondément ennuyée même si j'ai cru comprendre qu'il voulait ainsi montrer l'origine de ses difficultés avec les femmes mais sa pensée n'est pas toujours facile à suivre... Le découpage Dedans/Dehors, technique narrative que j'ai au départ trouvé très intéressante, m'a finalement semblé assez artificielle, il m'a manqué des liens entre les deux parties très distinctes, des éléments pour comprendre comment il a pu survivre.
Dès les premiers chapitres on se rend compte qu'on est ici dans de la grande littérature, la plume de Yann Moix que je découvre avec ce roman est très belle, d'une puissance rare. Cependant son utilisation abusive de mots savants et d'effets de conjugaison (imparfait du subjonctif, deuxième forme du conditionnel passé..."J'eusse dû faire l'inverse") finit par rendre son style trop précieux, voire pédant, plus de sobriété dans l'écriture m'aurait permis de mieux l'apprécier. J'ai apprécié que le ton ne soit jamais larmoyant, que ce témoignage soit totalement dénué de voyeurisme. J'ai aimé la pudeur de Yann Moix et le regard assez distancié qu'il porte sur lui-même dans la deuxième partie où il ne manque pas de se moquer de lui-même.
Ce texte est aussi un très bel éloge à la littérature, un cri d'amour pour les écrivains qui l'ont sauvé, Gide, Péguy, Sartre. Un texte autobiographique qui semble sincère et qui peut être lu par tous ceux qui, comme moi, n'éprouvent aucune sympathie pour ce personnage public qui se révèle être en fait un grand traumatisé. Un texte que j'espère libérateur pour Yann Moix...
J'ai lu ce roman début août avant la polémique qui sévit autour de texte avec la réaction dans la presse du père de Yann Moix et le tapage médiatique qui en découle. Je suis ravie de l'avoir lu sans rien connaitre de ce règlement de comptes et d'avoir pu le lire comme une oeuvre littéraire hors de tout autre contexte qui ne m'intéresse pas.
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