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On peut, de Marcel Aymé, faire un habitué d'un quelconque café du commerce d'une petite ville de province. Et c'est vrai que l'homme s'enracine à un terroir : il sait les matins bleus des monts du Jura et le vert livide des folles herbes ensauvagées parmi les seigles. Il sait, aussi, se perdre dans ces yeux glauques des mares inattendues qu'on trouve dans les seignes franc-comtoises. Pays de
landes, où errent d'inceratines eaux que les orages pourchassent, et malheur aux fermes qui sont construites en ces lieux, car le feu du ciel les détruit à coup sûr. Déjà, ce monde, qu'on croyait si sûr, et qui paraît donné de toute éternité, tremble. M. Aymé le peut retrouver en la Ville par excellence, Paris. Il y recherche des échoppes louches et des impasses qui lui procurent, de la province, ces soirs tristes et déserts qu'elle seule sait offrir. Mais il ne suffit pas au réel de trembler et d'être transi. Voici que «trésit» soudain l'autre. À lire les brouillons, que procure l'appareil critique, on peut mesurer comment l'être certain devient, par touches infimes, incertain. Plus rien n'est sûr. Qu'une voiture, en panne d'essence, s'arrête au café du commerce, et la belle étrangère fait basculer un monde, et sa médiocrité apparente. Il y a, dans Marcel Aymé, une nostalgie d'Aristote, et Yves-Alain Favre le montre bien dans sa préface. Si l'écrivain revendique un monde «sûr», ce monde le trompe : des êtres passent à travers des murailles, et le temps même n'a plus de rigueur, car on y peut - parfois - disposer de jours sans vie et de jours avec vie. Comment vivre, alors ? On se retrouve, à la fin d'un roman, à son aube, comme si aucun temps n'était passé sur les êtres ou bien, alors, s'il le faut, on se résigne à une mort qui, elle-même, n'est pas assurée. Peut-être n'a-t-on pas assez mesuré ce que Marcel Aymé avait apporté au roman, sans en avoir l'air : un narrateur qui engendre, en chacun des chapitres, un nouveau personnage placé dans un biais différent, ou bien encore une vie leurrée par les mots de lettres qui mettent le héros dans une perspective qui ruine son propre récit. Sans cesse l'auteur déjoue ce monde si apparemment assuré, et il le corrode d'un humour qui le rouille de façon mortelle. Bref, Marcel Aymé est-il - et de façon si subtile que nous
ne l'avons pu déceler - notre Aristophane ? C'est la question que se pose Yves-Alain Favre à la fin de sa préface.
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