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Jeannette et ses madeleines, Marianne et ses rêveries amoureuses, Antonin et sa mère toute-puissante, Paul et ses listes... : chacune des histoires courtes réunies dans ce roman graphique met en scène une personne souffrant de mécanismes psychiques « dysfonctionnels », comme disent les psychiatres. Mais l'humour et le dessin de Claire Le Men racontent plutôt des histoires de folie douce, suggérant que « folie » ou « troubles » pourraient être acceptés comme de simples déviations, des mondes ou des fictions parallèles, vivant sur une logique singulière.
La subversion, discrète mais sûre, et l'originalité de son regard dégagent les troubles de ses personnages de toute volonté de guérir ou de corriger, amenant l'idée que la guérison peut passer par d'autres voies que celles de la médecine... C'est parfois un peu inquiétant, grinçant, toujours drôle, et d'une intelligence pleine d'empathie et de poésie.
Comment parler des « mécanismes psychiques dysfonctionnels » sans tomber dans la caricature ou sans en dépeindre quelque chose de totalement faux ?
La solution ou plutôt les solutions, être d’un côté de la barrière, celui du patient et parler de ses troubles. La deuxième solution est d’être de l’autre cote de cette même barrière, c’est-à-dire un professionnel de la santé ou tout du moins l’avoir été, pour pouvoir en parler en toute connaissance de cause.
Claire Le Men avant d’écrire son premier album en 2019 « Le syndrome de l’imposteur, parcours d’une interne en psychiatrie » avait, comme l’indique parfaitement ce titre, consacré une partie de sa vie à la médecine, un tiers pour être exacte.
Elle avait choisi cette discipline parce que le temps qu’elle pouvait consacrer à ses patients, lui paraissait intéressant puisque basé sur l’écoute et l’échange. Mais au fur et à mesure, un sentiment d’inutilité s’est installé en elle.
C’est alors qu’elle a commencé à coucher sur le papier des histoires dans lesquelles elle réinventait sa pratique psychiatrique en y insérant de la poésie et de la drôlerie.
Dans « Nouvelles du dernier étage », très jolie métaphore pour parler de la tête, du cerveau ou de l’esprit, l’autrice nous permet de rencontrer cinq étranges personnages dont la vie est bousculée par la folie. Claire Le Men n’apporte aucun diagnostic, mais met en lumière ce qui peut arriver quand la réalité n’est plus.
Jeannette (quel prénom prédestiné) et sa vie remplie de madeleines, Marianne et son désir obsessionnel d’amour inventé, Antonin et sa terrible et omniprésente mère, Paul le rédacteur de listes, pour tout et pour rien et enfin Ulysse le créateur fou d’une application d’échange de temps.
Cinq univers difficiles en raison des pathologies décrites, même si elles sont inventées, mais aussi exposées avec beaucoup de poésie grâce au dessin plein de tolérance vis-à-vis de ceux qui ne sont pas tout à fait on le souhaiterait.
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