"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un pays de Scandinavie qui ressemble presque trait pour trait à la Norvège, la jeune Clara Pitiksen est en convalescence depuis huit mois à la clinique de la Reine-Astrid, retirée tout au fond d'elle-même, de ce qu'il reste d'elle-même. Dans une longue lettre adressée à Émilie, sa correspondante française, elle raconte et se raconte par petites touches, avec une infinie pudeur, donnant à entrevoir comment l'horreur absolue a pu naître en Norlande, ce pays de contes de fées...
Une sorte de conte politique qui pourrait bien arriver, inspiré de la réalité sûrement, où le racisme, l'extrême-droite, sont découverts brutalement dans un pays du nord de l'Europe, imaginaire, encore épargné.
La narration par une jeune fille rescapée physiquement mais traumatisée et qui culpabilise est bien faite.
C'est bien écrit, terriblement susceptible d'arriver, un intéressant moment de lecture.
Je ne vais pas commencer par le texte, mais par la couverture qui fait froid dans le dos. Cet arbre sans feuille déraciné (photo de don Farrall Getty) sur fond blanc laisse une impression de mort.
Je suis lectrice des éditions Syros mais je n’ai pas encore lu de roman de la collection « Rat Noir » mais cette lecture me donne envie d’en lire d’autres, notamment « La grande Môme » de Jérome Leroy car ce précédent livre mettait déjà en scène Emilie et Clara.
Ce roman est écrit à la façon d’un journal intime que Clara adresse à sa meilleure amie Emilie qui vit à Rouen. Le fait qu’il s’adresse à quelqu’un en particulier cela lui donne un côté épistolaire très intéressant, car cela donne une narration qui n’est pas linéaire. Nous avons des éléments du présent, c'est-à-dire Clara dans une clinique où elle essais de surmonter le traumatisme de l’événement. Mais son récit est ponctué de souvenirs d’avant et pendant le massacre. Clara qui malgré elle se trouve impliquée de très près utilise l’écrit comme thérapie pour lui faire parler du drame. Elle parle elle-même de gestation jusqu’à faire sortir le monstre et affronter l’horreur. Emilie est très touchante rongée par la culpabilité.
Mais, au-delà de la part intime et du côté personnel, on a toute une réflexion sur la montée de l’extrême droite et de l’éveil de la conscience politique de la jeunesse. Clara est le reflet de d’une jeunesse qui vit au jour le jour sans vraiment réaliser les enjeux de la vie économique et politique dans les pays occidentaux et en particulier dans ce pays nordique, qui accueillent les défavorisés des pays du Sud. Emilie se croyait à l’abri dans un pays ouvert, elle n’imaginait même pas que cela puisse avoir lieu. Le côté naïf et innocent est si réaliste, on pense toujours que les attentats et tueries c’est ailleurs qu’ils se produisent.
Dans ce roman jeunesse Jérome Leroy développe des thèmes qui lui tiennent à cœur. La vigilance en ce qui concerne la vie publique, la vie de la cité et les discours trompeurs. Les citoyens concernés qui veillent à ce que la haine raciale et sociale ne vienne pas détruire l’humain. L’invasion d’idées nauséabondes qui jouent avec la peur des gens.
Ce récit en prenant comme personnage central une jeune fille sans problème qui s’éveille à la conscience politique montre aux adolescents que la politique ne concerne pas les vieux dinosaures qui sont sur le devant de la scène. La vie de la cité est une affaire e tous et les jeunes sont tout aussi nécessaires pour avoir la parole.
Ce livre à vraiment sa place dans la sélection « les ados en colère ».
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