"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quel est le lien entre le cadavre d'une infirmière jeté au bas de l'escalier menant au service des Urgences, des membres humains tranchés et des corps décapités, entassés dans un ancien laboratoire désaffecté ? Les lieutenants Silaine et Legarde vont être chargés de l'enquête.
De la morgue du CHU de Semier au guichet d'accueil des patients, ils vont inverser les rouages de la mécanique hospitalière, remontant la piste d'un assassin dont ils ne comprennent pas le mobile.
« Nous ne pouvons pas prendre la place d'un mort. Est-ce cela qui a poussé de grands inventeurs comme Edison à vouloir communiquer avec eux ? Les funérailles sont créatrices. Nous ne masquons pas les morts pour nous soustraire à leur pourrissement, mais pour nous reconstruire et en édifier une nouvelle image. Les fraîches paroles d'un défunt pourraient être la matière première de cette charpente. La nécrophonie sera l'antidote aux affres du deuil. »
Toujours encline à lire un nouvel auteur, je découvre l’univers de Thierry Dufrenne, (que je remercie) l’hôpital étant un des personnages de cette histoire.
Au CHU de Semier, le cadavre d’une infirmière est retrouvé jeté dans les escaliers ensuite la découverte de corps sans tête et de membres épars va bousculer le quotidien du personnel. Les lieutenants Adrien Lagarde et Laura Silaine sont chargés de l’enquête, celle-ci s’avère complexe dans le milieu hospitalier où tout est contrôlé, où le personnel bouge sans cesse et n’est pas bavard.
Il faudra de sérieux indices pour savoir si les meurtres sont liés, remonter la piste du tueur et comprendre ce qui l’anime. Au fil de l’enquête de la morgue au crématorium, je croise des infirmiers, des médecins, des internes, des légistes, des salles répertoriées par des n°s et je découvre ce qu’est un reliquaire. L’hôpital est très présent attention de ne pas s’y perdre !
En parallèle, il y a la progression lente et angoissante d’une personne (d’ailleurs est-ce un homme ou une femme ?) dans un lieu qui ressemble à un théâtre. Après une macabre découverte, elle se retrouve prise au piège et comprend que sa vie est en jeu. S’en suit un face à face avec un homme qui lui parle d’expérience, lui demande si elle a peur de la mort et tient surtout à ce qu’elle le tutoie… Elle entame alors un dialogue dans l’espoir de gagner du temps sur une échéance qu’elle sait mortifère.
L’auteur nous propose une immersion dans le milieu hospitalier, le CHU est une petite ville avec ses sous-sols, ses recoins, ses endroits inconnus, fréquentés ou désaffectés, ses allées et venues, ses entrées et sorties à toute heure du jour et de la nuit. Mais aussi, il nous parle de la mort. L’avant et l’après la mort ont toujours fasciné. Si l’âme des morts survivait serait-il possible de communiquer avec elle ?
J’aime beaucoup l’écriture de l’auteur notamment le huis-clos. Elle reflète bien l’atmosphère angoissante et chargée de tension entre les deux personnages, le savant fou face et sa victime. Malgré tout je suis restée sur l’attente du final voir d’un rebondissement inattendu.
Un homme fasciné par Thomas Edison et ses travaux sur l’écoute, des lieutenants qui s’égarent dans les couloirs de l’hôpital font de cette intrigue un thriller médicalement mené. Et si cela vous interpelle découvrez Nécrophonie qui m’a fait passer un bon moment de lecture.
Alors, comment dire... Hmm... Pour rester dans le politiquement correct... Quelle tuerie ce roman ! Malgré un tout petit défaut selon moi, il y a tout ce que j'aime dans ce roman, on reste accroché jusqu'au bout.
Histoire : On est en présence d'une histoire assez classique en apparence, mais qui révèle bien des surprises au fur et à mesure de la lecture. Je ne vais pas trop parler de l'histoire car je n'ai pas envie de vous dévoiler des éléments qui peuvent donner une idée de la résolution du roman. Car oui, la force de ce roman, c'est que jusqu'au bout, on étaye des théories, on cherche, on est amené sur des fausses pistes ou bien des pistes trop évidentes que l'on écarte assez vite. Pour moi qui suis friande de ce type de roman, je peux dire que j'ai été bluffée jusqu'à la résolution de l'enquête. Pas bluffée dans le sens où j'ai été surprise de qui était qui, mais bluffée dans le fil rouge de l'enquête.
Personnages : On n'est pas en présence d'un personnage principal et tout gravite autour de lui. Oui, il y a une enquête mais ce ne sont pas les lieutenants Silaine et Legarde qui sont mis en avant. En fait, tout le monde est mis en avant, a un rôle bien précis à mener et c'est ce qui procure les nombreuses interrogations sur l'enquête. Au départ, je me disais qu'il y avait un peu trop de personnages importants et finalement, tout se décante au fur et à mesure.
Tout est bien construit, autant pour les personnages visibles que les invisibles. Surtout un. Même si on ne le connaît pas au départ, on entre en relation avec le tueur et on comprend comment il pense.
Enquête : Le style de l'enquête est classique : trouver l'identité du tueur et quel est le mobile. Très vite, on est mis en contact avec le tueur mais de manière indirecte. Ce que j'ai apprécié dans ce roman, c'est le fait de ne pas savoir qui avait commis les crimes et surtout, jusqu'au bout, de ne pas arriver à trouver le coupable. L'auteur nous tient en haleine et nous pousse à chercher, et ça, c'est tout ce que j'aime dans un roman. Quand je devine trop vite qui est le tueur ou le pourquoi, je m'ennuie le reste du roman. Ici, jusqu'au bout, on se pose la question et surtout la fin sera-t-elle bonne ou pas.
Couverture et titre : Cela fait très bien son job. Une couverture qui attire l'oeil, un titre qui interroge. Moi je vois ça en librairie, j'achète de suite.
Plume : Très belle plume de l'auteur, il sait mener son lectorat par le bout du nez. Dans ce roman, il est un véritable chef d'orchestre qui nous invite à le suivre dans un lieu pas forcément des plus plaisants d'un hôpital. Du fait de lieu d'action, la morgue, on est dans le glauque mais sans trop l'être, il n'y a pas de mauvais voyeurisme. Et bien au contraire, l'auteur arrive à rendre le lieu humain, vivant.
Le seul petit regret et défaut que je pourrais trouver à ce roman, est dans le découpage des chapitres : on est avec un découpage en plage horaire, ce qui permet un bon repère temporel, mais pour moi, j'ai ressenti un roman sans pause, et il fallait tourner, tourner les pages. Ce sentiment de tourner les pages, je l'avais déjà par l'histoire, car on a vraiment envie de savoir ce qu'il va se passer par la suite, donc rajouter un second effet de tourner les pages sans arrêter, c'était un peu lourd pour moi. Mais bien sûr, cela ne reste que mon avis, et ne sera pas forcément le même que vous !
Bref, vous l'aurez compris, une très bonne lecture pour cette fin d'année. Si vous aimez les enquêtes qui triturent le cerveau, allez-y les yeux fermés !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !