"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'oeuvre de Dufrenne accomplit le voeu de la phénoménologie, inaugurée par Husserl : penser la « corrélation intentionnelle » de l'homme et du monde, qui présuppose une « corrélation ontologique », inscrivant l'homme dans le monde entendu comme Nature archaïque. D'une part, la communication phénoménologique repose sur une communauté ontologique, une «familiarité native» entre l'homme et le monde. D'autre part, cette phénoménologie, largement ouverte par une réduction esthétique, appelle un approfondissement cosmologique puisqu'il s'impose d'inscrire le sujet dans la Nature, pour ne pas déréaliser le réel, sans pourtant le réduire à une simple partie de la Nature, ce qui consacrerait la «mort de l'homme». Il faut donc articuler une « philosophie de la Nature», comprise comme Terre-Mère, fond-source de toute réalité, à une «signification métaphysique de la naissance », afin de rendre compte de l'apparition de l'homme, engendré comme inengendrable. Il s'agit d'un «événement métaphysique » de séparation à l'égard de la Nature qui coïncide avec l'événement même du sujet de la corrélation. Présente de façon récurrente mais discrète, la question de la naissance permet de comprendre la singularité de l'oeuvre dufrennienne : la naissance dénote une dépendance à l'égard des autres et du monde, et le commencement d'une vie ouverte aux autres et au monde : naître, c'est à la fois naître du monde et naître au monde.
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