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IMAGES Selon l'étymologie latine, monumentum signifie « ce qui rappelle le souvenir », le monument a donc valeur de commémoration. Par sa présence, il sollicite notre attention quant à ce qui a été et devrait nous sensibiliser à l'avenir. Mais cette vision commémorative du monument a-t-elle encore son importance ? Passe-t-elle nécessairement par la construction d'un monument qui se veut permanent ? C'est qu'un monument - surtout lorsqu'il évoque un évènement éloigné - s'expose sans ne plus rien imposer. Il est là pour la célébration officielle, celle où la mémoire est convoquée sans l'effort demandé pour qui veut réellement se souvenir. À plus forte raison, si les monuments donnent l'illusion d'une mémoire commune.
À partir des années 1960, plusieurs jeunes artistes ont été sensibles à l'idée de revoir la notion de commémoration. Désormais, c'est l'idée du contre-monument qui tente de répondre à certaines interrogations concernant la lourdeur monumentale, son manque de dynamisme mémoriel. À ce propos, James E. Young considère important que les contre-monuments rejettent et renégocient les formes et les raisons traditionnelles de la commémoration. À la suite des travaux de Young, les auteurs Quentin Stevens, Karen A. Frank et Ruth Fazakerley, auxquels ce dossier fait référence, ont déterminé deux types de contre-monuments. Les premiers emploieraient des stratégies inverses à celles des monuments conventionnels et les deuxièmes formeraient une réponse critique à un monument existant. Ils établiraient un contraste spatial, thématique ou expérientiel avec ce dernier, un dialogue par lequel ni le monument d'origine, ni le nouveau ne pourraient plus être envisagés l'un sans l'autre. Or, les textes réunis dans ce dossier abordent les deux perspectives et offrent, autant que faire se peut, un portrait juste de ces nouvelles dimensions commémoratives au sein de l'histoire collective.
Le dossier de ce numéro 112 comprend des textes de Nadine Blumer, Mélanie Boucher, Bérénice Freytag, Vincent Marquis, Pavel Pavlov et Quentin Stevens. Ces textes analysent les oeuvres des artistes Alexandra Pirici (Soft Power), Thomas Hirschhorn (Gramsci Monument), Krzysztof Wodiczko et Julian Bonder (Le mémorial de l'abolition de l'esclavage à Nantes) ; d'autres se consacrent plutôt à des monuments et contre-monuments comme la galerie Kai Dikhas de Berlin, située près du site commémoratif officiel allemand du génocide des Roms. Pour compléter ce dossier, dans la section « Art public et pratiques urbaines », Nathalie Casemajor relate la genèse du projet Monument aux victimes du communisme qui sera érigé à Ottawa, mais dont le projet initial est désormais contesté.
Dans cette édition de 120 pages, vous trouverez également des comptes rendus d'exposition signés Pierre Arese, Sylvain Campeau, Anne-Marie Dubois, Cynthia Fecteau, Edwin Janzen, Benoît Jodoin, Gauthier Lesturgie, Anne-Sophie Miclo, Annie Lafleur, Anne Pilorget et Bénédicte Ramade. Leur texte porte sur les oeuvres de Patrick Bernatchez, Martin Boisseau, Céleste Boursier-Mougenot, Geneviève Cadieux, Lieven de Boeck, Clément de Gaulejac, Camille Henrot, Pascale Marthine-Tayou, Jocelyn Robert, Samuel Roy-Bois et Paul Wong.
Sous la direction de : André-Louis Paré
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