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« Selim Hacopian a écrit un livre. » Un écrivain renommé reçoit un beau jour ce curieux mail, envoyé par un drôle de personnage qui s'exprime à la troisième personne et souhaite que l'on « jette un coup d'euille » à ses écrits. L'écrivain refuse poliment, mais quelques jours plus tard, l'inconnu l'interpelle au détour d'une rue et, à coup de « Monsieur l'Ecreuvain », finit par obtenir gain de cause. L'écrivain s'engage alors, sans le savoir, dans une entreprise littéraire de longue haleine, à laquelle il va se consacrer corps et âme.
Entre les étagères poussiéreuses de la bibliothèque, autour d'un café ou dans le minuscule appartement de Selim, il apporte des corrections, prodigue des conseils, souffle des idées de nouvelles au jeune homme (lui qui a vécu en Égypte, pourquoi ne pas écrire sur les chameaux ?) qui, bien vite, est contacté par une prestigieuse maison d'édition.
Le succès d'Hacopian grandit à mesure que celui de l'écrivain, ayant délaissé ses propres romans, décline. Il lui vient alors une idée : pourquoi n'utiliserait-il pas Selim pour publier sa propre prose ?
Le narrateur, un écrivain ayant déjà plusieurs livres à son actif, reçoit un jour un mail : « Selim Hacopian a écrit un livre ».
Etonnante, cette façon de parler de soi-même à la troisième personne. Pourquoi a-t-il reçu un tel message, se demande-t-il et surtout QUI est ce Selim Hacopian ?
La suite du courriel précise : « il vous enveurrait volontiers quelque chose. » Hum, cette orthographe ne laisse rien présager de bon… C’est pourquoi, la réponse du narrateur est nette : « Veuillez ne rien envoyer. »
C’est certainement un peu brutal, j’en conviens, mais ça a l’avantage de couper court à toute volonté éventuelle de reprendre contact…
Un peu plus tard, notre auteur remarque un fichier joint au message, ce qui l’énerve encore davantage : « Il envoyait. Quoi que j’aie pu dire à ce sujet. Il envoyait. Ce qu’il avait envoyé était depuis longtemps déjà sur mon ordinateur. »
Cela ressemble en effet à une intrusion forcée, un pied dans la porte. Il reste à ouvrir la pièce jointe : c’est un curriculum vitae. Pas un CV banal mais le CV d’un gars qui a arpenté le monde : « Né à Namangan, Ouzbékistan, déménagement de la famille au Pakistan, de là émigré en Egypte. Religion copte. Auparavant autres confessions. Aspirant officier. Un premier voyage en Chine. Un deuxième voyage en Chine. Moniteur de montée à dos de chameau. Guide sur les pyramides… »
Qu’est-ce que vous dites de cela ? Pas commun hein ? En tout cas le narrateur trouve sa vie bien pâlichonne par rapport à celle de… comment s’appelle-t-il déjà ? Ah oui : Selim Hacopian… retenez ce nom ! Qu’à cela ne tienne, notre auteur a des romans à finir et n’a pas le temps de lire l’oeuvre d’un écrivaillon en herbe.
Mais un jour, alors qu’il fait ses courses, il entend : « Monsieur l’Écreuvain, Monsieur l’Écreuvain ! », il se retourne. C’est LUI…
Ce petit livre m’a fascinée pour plusieurs raisons : la lectrice de romans à suspense s’est demandé où cette rencontre allait les mener… Je ne vous en dirai pas plus pour préserver la tension car oui, il y en a une et qui nous tient en haleine jusqu’au bout du récit !
Puis, j’ai beaucoup ri, vraiment : les personnages sont vraiment désopilants, les remarques ironiques de l’auteur sont franchement drôles. Un exemple : « On dénombrait, dit-il, deux types d’écrivains. Il cita mes propres paroles. Deux types d’écrivains : ceux qui se mettent à écrire et qui ensuite, s’ils ont du succès, font du métier d’écrivain leur profession principale. Et ceux qui commencent par décider de devenir écrivains et commencent ensuite à écrire. Lui voulait faire ça dans cet ordre-là. D’abord être écrivain, ensuite se mettre à écrire. »
Quant à Selim, on se demande s’il fait exprès d’être comme il est ou s’il est vraiment ce qu’il semble être (tiens, un autre mystère !). Il y a une dimension un peu absurde dans ce livre qui m’a beaucoup plu.
Enfin, il y a cette écriture qui traduit l’étonnement, que dis-je la stupéfaction du narrateur qui n’y comprend rien, qui n’en revient pas de ce qui lui arrive…
Et en plus, Joachim Zelter nous parle de la littérature contemporaine et de la façon dont elle se vend : ce n’est pas toujours l’essentiel qui est mis en avant, loin s’en faut…
Un dernier conseil… si un jour, tandis que vous flânez en ville, vous entendez un « Monsieur l’Écreuvain, Monsieur l’Écreuvain ! » SURTOUT ne vous retournez pas !
Filez votre chemin, croyez-moi, filez votre chemin !
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
Un écrivain à succès reçoit une lettre sous forme d’email. Ecrite à la troisième personne, ce courrier très spécial s’intitule “Selim Hacopian a écrit un livre”.
Son destinataire trop occupé demande à son auteur de ne rien envoyer mais Selim Hacopian ne l’entend pas de cette oreille. Lorsqu’au détour d’une rue, nos deux personnages se rencontrent, il s’ensuivra une bien étrange aventure littéraire.
De lectures, en relectures. De corrections de genre en corrections d’orthographe, notre écrivain se verra entrainé dans un tourbillon obsessionnel qui conduira ce mystérieux Sélim Hacopian à être contacté par une maison d’édition.
Au fil de ce roman, Joachim Zelter nous dresse un portrait tout à la fois irritant et émouvant de ce Sélim Hacopian. Ne maîtrisant pas les clés de l’orthographe et de la syntaxe françaises ce petit personnage va vite devenir l’ombre de notre écrivain jusqu’à le surpasser aux yeux des maisons d’édition.
Portrait très critique du monde littéraire, “Monsieur l’écrivain” en décrit le mécanisme d’écriture, ses difficultés et parfois ses incompréhensions.
Un roman court qui se lit d’une traite.
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