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"Comme il arrive pour un père, la mort du général de Gaulle m'a livré sa vie toute entière. J'ai voulu la faire mienne jusque dans ces cinquante années d'avant 40, où il était pour presque tous un inconnu, et ces années de la guerre où, pour un jeune homme en France, il n'était presque qu'un nom. J'ai refait tout le parcours. J'ai raconté toute l'histoire, celle de "mon Général" - le Général que j'ai jugé, aimé, servi. Ce que j'entreprends de conter ressemble un peu à une histoire d'amour, puisque j'ai choisi dès le début, vis-à-vis de lui, un état de dépendance volontaire. "Le plus bel état", disait Goethe, qui ajoutait : "Et comment serait-il possible sans amour ?" J'ai eu, moi, quatre ans de longues fiançailles, neuf ans de vie commune, heureuse et retirée, puis dix ans de plus lointaine tendresse : vingt-trois ans. Une génération quoi ! A travers toutes ces années, je me suis fait une certaine idée du Général ; et je m'aperçois dix ans après sa mort qu'il est aussi présent que les plus chers des vivants. Ma courte mémoire n'y change rien, je le porte en moi, tel qu'en lui-même." O.G.
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