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Molière : comique et communication

Couverture du livre « Molière : comique et communication » de Olivier Bloch aux éditions Le Temps Des Cerises
Résumé:

Pourquoi rit-on, qu'est-ce au juste qui nous fait rire ? Olivier Bloch cherche ici des réponses dans l'oeuvre du plus grand de nos comiques : des gesticulations et coq à l'âne de La Jalousie du Barbouillé à l'intronisation d'Argan en médecin dans Le Malade imaginaire, en passant par d'autres... Voir plus

Pourquoi rit-on, qu'est-ce au juste qui nous fait rire ? Olivier Bloch cherche ici des réponses dans l'oeuvre du plus grand de nos comiques : des gesticulations et coq à l'âne de La Jalousie du Barbouillé à l'intronisation d'Argan en médecin dans Le Malade imaginaire, en passant par d'autres figures du rire, celui que suscitent les discours incongrus des raisonneurs et autres fâcheux, le grotesque des bourgeois ou paysans gentilshommes, et autres cocus, les impostures, fourberies, illusions et artifices des uns ou des autres, faux dévots, valets, amoureux, ou grands seigneurs, les balourdises et galimatias des divers Sganarelle, etc., on peut estimer qu'il s'agit toujours de ruptures ou de failles de la communication dans les divers sens du terme.
Ce diagnostic conduit l'auteur à suggérer un rapport inattendu avec des philosophies exactement contemporaines de l'oeuvre de Molière, celles des « occasionalistes » - au premier chef l'avocat Géraud de Cordemoy, assurément connu de lui -, qui partent du constat qu'il n'existe pas dans l'univers de communication naturelle entre les corps, les esprits, leurs actions, et leurs états. Ce rapport n'est pas fortuit, s'il est vrai que l'univers auquel ils ont affaire, et le monde auquel s'attaque le rire de Molière, ne sont qu'un seul et même monde : celui de la modernité, qui a entrepris de substituer aux anciens rapports naturels ou prétendus tels ceux de l'échange et du marché. Ce monde, qui prête à rire par son inconsistance systématique, est aussi le nôtre, et le rire qu'il provoque est inséparable du rêve d'un autre monde, qu'il peut contribuer à faire advenir : à l'encontre du mépris vis-à-vis du ridicule, qu'une tradition issue d'Aristote associe au rire humain, à l'encontre aussi de la communication telle que nous en accablent aujourd'hui les spécialistes, et qui tend à empêcher les hommes de communiquer entre eux, celui-là pourrait accueillir le rire communicatif de la joie, comme le rire homérique, qui est celui des dieux.

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