L'environnement et les grands espaces par 5 auteurs à découvrir absolument
Sur une île privée, dans le golfe de Gascogne, Dorothée et Tortu assistent à un étrange spectacle : au lendemain d'une tempête qui les a coupés du reste du monde, un iceberg s'est échoué sur le rivage. Elle, fille unique du propriétaire, venue au chevet de son père mourant, veut se faire l'écho de ce phénomène hors norme ; lui, colosse fragile et gardien solitaire de l'île, s'inquiète de pouvoir préserver la quiétude de cette terre devenue sanctuaire. Mais c'est ailleurs que se déroulera la trame d'une histoire dont ils ne perçoivent alors que les contours.
Suivront trois jours suspendus où chacun d'eux verra ses certitudes être ébranlées et son passé refaire surface. Roman de la recherche intime, Mille Hivers est une fable contemporaine qui questionne nos choix et la place que nous tentons d'occuper dans le monde.
L'environnement et les grands espaces par 5 auteurs à découvrir absolument
« Le jour où l’iceberg s’échoua sur l’île, les cerisiers étaient tous en fleur ».
L’incipit lève le voile sur un récit espace-temps, captivant, d’ombre et de lumière.
L’écriture est un flambeau. Pas après pas, la trame dévore tout. Nous sommes en plongée dans le cœur même de la nature, gémellaire des protagonistes. Et c’est beau, profondément humain.
Une petite île dans le golfe de Gascogne. Un huis-clos, cage dorée, qui enserre le genre « Nature Writings », entre le vent, les bruyères, les vastes paysages. On déambule sur 4 kilomètres. Ce pourrait être la normalité, si un iceberg ne s’était pas échoué contre les roches de ce lieu isolé. Loin de toutes terres habitées, la quasi autarcie et l’île pour un seul maître des lieux, riche propriétaire et businessman dans le domaine pharmaceutique. Très gravement malade, mourant, il est sur le fil tangible de la finitude. L’île le borde. Octroie pour lui seul, un gardien Tortu qui veille sur lui, affûte ses regards au moindre frémissement de cet espace qui pourrait être édénique, si. Si, les êtres qui gravitent dans cet entre-monde ne cherchaient pas l’issue de leur raison de vivre. Ils sont deux et seuls. Binôme bancal. Tortu porte le poids du monde sur ses épaules. Ses secrets et batailles, l’exutoire n’est pas pour maintenant, pas encore. Pour demain peut-être. On ressent une tendresse pour ses assoiffés d’air et de senteurs, de normalité. Tortu connaît les moindres recoins de l’île. Semblable à un point minuscule sur la mappemonde. Et pourtant l’iceberg vient heurter sa conscience, sa tranquillité. Le réchauffement climatique est une preuve, mais pas que. La parabole de nos faillites et de l’inconséquence humaine. Au plus profond des errances de Tortu, l’iceberg est le macrocosme de sa quête existentielle. La démonstration de ses questionnements et de cette résurgence fantomatique. Dorothée arrive sur l’île. Elle vient soigner son père, prendre le relais de Tortu et régler elle aussi, ses propres comptes. On pourrait alors croire à une histoire d’amour naissante entre elle et Tortu. Mais Renaud de Chaumaray est un auteur surdoué. Il avance les pions, brusque les prises. Les brouillards tombent sur l’île, tels des rideaux de plomb. Plus aucun des protagonistes n’a de prise sur son advenir. C’est l’envoûtement des « Mille hivers ». les existences comme des ressacs. Les expériences dont le poids lourd brise les élans de Tortu et de Dorothée. Nous sommes sous le charme d’une rencontre qui pourrait tout brusquer. Mais, il y a l’iceberg et sa signature. Fable métaphorique, l’initiation comme la septième vague. Ce roman est percutant et le point commun de notre émancipation à la vie. Trois jours pour que tout change. « Mille hivers » est le livre des possibilités. Ne rien céder face à l’irrévocable. Oser nager à contre-courant. Tel, pourrait être l’adage de ces hivers salvateurs. Mille hivers, chacune des secondes est l’importance souveraine et cruciale. Délicat, sensible, ce livre est le sanctuaire. On ne peut être sans lui et sans ses preuves.
Il est question d’émancipation, de rappels pavloviens, le passé et le présent, les erreurs et les changements de cap. L’iceberg est sans aucun doute, celui qui sonne le glas de l’obsolescence programmée. La parabole et des tremblements de nos propres cœurs et du vacillement du monde. L’étrange, ici, est comme un cri, un rappel à la loi.
« Mille hivers » est le piédestal de cette rentrée littéraire, car unique et magistral.
Écoutez les craquements de la glace dans le filigrane et vous comprendrez.
Publié par les majeures Éditions Le Mot et le Reste.
Sorte de huis clos sur une île de Gascogne, ce premier roman est original et ressort tout particulièrement de cette rentrée littéraire, bref je l’ai beaucoup aimé et vous le recommande !
Sur cette île, d’une circonférence de 4 km, se trouvent un vieil homme mourant, sa fille, Dorothée, et le gardien, Tortu. Mais surtout il y a un iceberg qui n’a rien à faire là et que Tortu découvre au lendemain d’une tempête, échoué sur la plage. L’île est coupée du reste du monde à cause de la tempête. Ce qui n’est pas pour déplaire au gardien qui n’a pas envie de voir débarquer des curieux. C’est un être solitaire renfermant quelques blessures.
Cet iceberg reste tout de même un mystère et fascine Dorothée. Attirée, elle revient sans cesse l’observer, le toucher. Une sorte de relation charnelle se crée. Après 12 ans d’absence, elle est arrivée la veille sur l’île, un peu perdue, décidée à prendre soin de son père jusqu’à son dernier souffle.
La nature est omniprésente. L’île regorge de faune et de flore. On se demande si le climat s’est totalement déréglé et s’il s’agit d’une fable écologique.
Les chapitres alternent entre le point de vue de Tortu et de Dorothée, puis de deux autres personnages vers la dernière partie du roman. Les sensations ou sens font souvent ressurgir des souvenirs du passé des protagonistes.
Il y a une réelle ambiance, une atmosphère dans ce roman. Le début est plutôt dense, avec beaucoup de descriptions. En peu de pages, l’auteur nous donne beaucoup d’éléments, pour ensuite nous embarquer dans l’aventure et enchaîner les chapitres. Tous les personnages sont bien développés et attachants. On entre dans la psychologie de chacun et dans les relations entre chaque « couple ».
J’ai trouvé de la poésie dans l’écriture de Renaud de Chaumaray. Le roman prend se teinte de fantastique au début, mais à la fin tout s’éclaire et le lecteur a les réponses à ses questions, c’est la fin du suspense !
Merci aux éditions Le mot et le reste pour cette lecture captivante à l’instar de sa très belle couverture.
Je trouve enthousiasmant de tomber sur de jeunes auteurs qui parviennent à dénicher de nouveaux sujets littéraires ou à renouveler leur traitement et c'est le cas ici ! En effet "Mille Hivers" est un premier roman très réussi, pour cette raison parmi d'autres que je vais essayer de lister le plus succinctement possible. Avant tout, c'est un livre à chute, le genre d'histoire forcément satisfaisante car elle a une fin bien déterminée, que l'on attend tout du long et que l'on cherche à deviner avec plaisir. Ensuite le texte joue sur les codes vu qu'il est à la limite du fantastique, du thriller en huis clos et du nature writing. Ce qui s'avère rafraichissant. Ensuite R. de Chaumaray parvient à créer une ambiance vraiment particulière à l'aide de nombreuses synesthésies et d'images prégnantes. Cette ambiance assez mystérieuse, étrange, presque douce-amer, laisse entrevoir les contradictions, les failles et les reliefs des personnages qui évoluent sur l'île où se déroule l'histoire. Enfin (!) le "sujet" de "Mille Hivers" est original : ce sont les craintes que suscitent et reflètent un iceberg échoué, sans explication plausible, sur une plage de Gascogne. Par un effet de miroir, l'auteur nous montre que ces craintes qui sont celles des personnages sont aussi les nôtres. Que faire face à l'inexplicable ? Quelle explication à donner à ce qui nous échappe et qui est parfois au centre de nos vies ?
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