Le questionnement sur la subjectivité (ses fondements, ses formes, son sens, sa nature) traverse la réflexion philosophique moderne et contemporaine - qu'il s'agisse d'affirmer les droits et les pouvoirs d'un sujet souverain ou de proposer les éléments d'une critique de ses formes constituées, quitte à définir par là même les conditions de sa relégitimation théorique et pratique, éthique ou politique.Les études rassemblées dans ce dossier cherchent à explorer quelques-unes des voies de problématisation qu'ouvre un tel questionnement. Ce sont ainsi les contours de la notion de « subjectivité » qui sont redessinés. Le thème paradoxal d'une « intériorité désertée » par le divin chez Pascal, la notion feuerbachienne d'un « Soi aliéné » contribuent notamment à mettre en lumière selon des perspectives distinctes, et peut-être opposées, le nouage de l'anthropologie et de la religion dans la constitution de la subjectivité moderne. La pensée contemporaine, envisagée ici à travers l'herméneutique de Gadamer ou à partir de la philosophie de Deleuze, reprend de manière décalée ce type de démarche en proposant de revenir de manière critique sur les fondements spéculatifs de la notion de « sujet » et d'en réévaluer par là la pertinence théorique : l'idée d'une « conscience certaine de soi » est ainsi mise en débat au sein même de l'expérience de la compréhension où s'alimente l'effort herméneutique ; et la subjectivité constituée ne résiste pas à la poussée souterraine de « proto-subjectivités » dont la proposition vise à rendre compte d'un processus d'individuation complexe, fondé sur l'interaction du biologique et du psychologique.
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