"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mises en scène de cadavres ou de chairs en souffrance, les images créées par Vladimir Velickovic génèrent toujours une présence saisissante.
Leur expressivité formelle porte l'empreinte d'une mémoire culturelle dont le pouvoir sur l'oeil agit vivement. Ces corps font écho aux motifs traditionnels des gisants et crucifiés, motifs qui, des années 1960 à nos jours, resurgissent, déclinés et interprétés librement comme autant de variations musicales. C'est cette survivance du sacré que prend pour objet le présent essai qui tente d'en cerner les multiples métamorphoses.
Si subsistent en effet des schèmes archétypaux, gisants et crucifiés étant perçus comme symbole intemporel de la mort et de la violence subie, ceux-ci n'en demeurent pas moins transformés. Entre la répétition et la différenciation, les traces d'une tradition picturale chrétienne s'y trouvent modifiées dans leurs formes, leurs codes iconographiques et leurs plasticités. Là se joue la force vivante d'un passé qui, greffé aux stigmates d'une histoire et d'une mémoire plus immédiates, réapparaît dans un style singulier dont l'originalité révèle des correspondances avec une civilisation en crise.
Civilisation profane au sein de laquelle la conception et la représentation de l'homme tragique ont fondamentalement changé.
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