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Mes Inscripcions sont un relevé des inscriptions gravées par Rétif de la Bretonne, de 1779 à 1785, sur les parapets de l'île Saint-Louis, au cours de promenades quotidiennes. Muni d'une clé, ou d'un fer, il marque la pierre d'une date, accompagnée le plus souvent de quelques mots abrégés, latins de préférence. Ce sont bien des graffitis avant la lettre (le mot date de la fin du XIXe siècle), et du reste les enfants de l'île crient " Griffon ! " au passage de Rétif. Le griffon, c'est celui qui griffe la pierre avec un poinçon. Il est à la fois inquiétant et risible. Mais pour lui, il ne s'agit pas de laisser sa trace au regard des passants. Il s'agit d'un rite sérieux, à usage intime : retrouver le temps passé, au jour marqué, année après année, et se procurer ainsi, selon son expression, " un véritable aliment de sensibilité ". En 1785, il fait le relevé de ses dates et phrases lapidaires, les développe en vue de les joindre à son autobiographie, Monsieur Nicolas, dans une annexe intitulée Mes Inscripcions. Sitôt ce relevé terminé, et sur le même manuscrit, il s'engage dans la tenue d'un journal : " Je continuerai désormais à écrire, jour par jour, tout ce qui m'arrivera, jusqu'à la fin de ma vie. " La sauvegarde, des inscriptions l'a donc conduit à systématiser l'enregistrement du vécu. Il tiendra. en effet scrupuleusement son journal, notant chaque matin son emploi du temps de la veille : avancées dans ses manuscrits, dans l'impression de ses ouvrages, rencontres, visites, déambulations dans les rues de Paris, secrets de sa vie sexuelle. En fait, ce manuscrit ne sera édité qu'en 1889 par Paul Cottin, avec le début du journal. La présente édition reprend le travail de Paul Cottin, lacunaire et fautif en bien des endroits, et le complète par la partie inédite du journal conservée à la B.n.F Dans ces feuillets, à l'écriture serrée et souvent malaisément déchiffrable, Rétif s'emploie à tout noter, le mémorable et le dérisoire, l'intime aussi bien que sa vie sociale et son inlassable labeur d'écrivain. Pour qui veut connaître la condition d'un homme de lettres, sans pension ni fortune personnelle, au XVIIIe siècle et sous la Révolution, pour qui veut suivre pas à pas l'élaboration de son oeuvre, ces manuscrits sont une mine précieuse d'informations.
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