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Après Martin à Moscou et Martin en Afrique, sur le ton mi-sérieux, misouriant qui est le sien, avec la liberté de jugement que donne la distance - et sans oublier qu'au vent de l'Histoire c'est toujours l'Ecclésiaste qui gagne -, Francis Huré nous raconte ici les quatre années dans lesquelles, de 1968 à 1973, il eut la tâche comme ambassadeur en Israël de représenter la France auprès de l'État hébreu. Tâche particulièrement délicate, puisque dans la longue histoire des relations entre les deux pays, ces années-là sont celles d'un tournant décisif, où au temps de l'amitié et de la confiance succède le temps du soupçon, de la tension et de la déception.
Dans les vingt années qui précèdent, de la déclaration d'indépendance en mai 1948 à la guerre des Six Jours (1967), les relations sont au beau fixe.
La France est la première amie d'Israël. Elle a approuvé son intervention contre l'Égypte en 1956 après la prise du pouvoir par Nasser et la nationalisation du canal de Suez. Ce sont les deux grandes puissances, l'Union soviétique et les États-Unis, qui l'ont obligé à arrêter l'offensive.
Puis, quand de Gaulle est revenu au pouvoir (1958), il a reçu chaleureusement la visite de Ben Gourion qui à son tour se réjouissait de saluer un grand ami d'Israël.
Mais lorsque se font jour en Israël les tentations d'une nouvelle attaque contre l'Égypte, de Gaulle tente d'en dissuader les Israéliens. Il ne leur pardonnera pas d'avoir passé outre à ses avertissements et décrète l'embargo sur la livraison d'armes, dont nous étions les premiers fournisseurs.
En vendant alors des armes à Kadhafi, qui vient de prendre le pouvoir en Libye, nous augmentons le mécontentement et la crainte des Israéliens.
Cependant que ceux-ci, en réussissant à se faire livrer les vedettes parties de Cherbourg, augmentent le mécontentement du gouvernement français.
Bref, pour les deux pays les reproches s'accumulent.
Quel est le rôle d'un diplomate ? Informer le gouvernement de son pays des dispositions, de l'état d'esprit, des messages du pays où il a été nommé ambassadeur. Et à l'inverse expliquer au gouvernement de ce pays les réactions, les dispositions, les propositions de son gouvernement.
À ce titre il est amené à rencontrer les uns et les autres.
Francis Huré nous fait le récit de ses rencontres avec Messmer, Michel Debré, Pompidou, Malraux. Il nous apprend même que, lorsqu'il fut nommé juste après les événements de 1968 ambassadeur en Israël, il a été le seul que de Gaulle a décidé de ne pas recevoir avant son départ, pour bien marquer sa réprobation. Il nous donne aussi de ses rencontres avec Ben Gourion, Golda Meir, Rabin, et les grands hommes d'État de la première génération d'Israël un portrait coloré, vivant et chaleureux. Un document essentiel pour la compréhension d'une partie des relations internationales dans lesquelles la psychologie et les sentiments jouent un rôle presque aussi grand que les rapports de force.
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