"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1777. L'histoire nous est racontée par Jean-Baptiste Clertant né en 1759, qui, bien que fils de drapier, fut envoyé à l'École d'hydrographie du Havre afin d'entrer dans la marine marchande. Dans la naïveté de sa jeunesse il embarque sur un navire qui fait le commerce du bois d'ébène, qui n'est autre que la traite des esclaves. On lui fait croire que c'est rendre service à ces Noirs, qui sont martyrisés et même mangés par leurs semblables, que de les emmener loin de leur Afrique. Car grâce aux français, ils sont sauvés de leur condition abominable, et sont baptisés par une disposition impérative du Code noir prescrit par Louis XIV, mission voulue par Notre Sainte Mère l'église ! Eh oui !
Le cynisme à son comble.
C'est immédiatement passionnant ! On apprend beaucoup dans un premier temps sur les différentes parties d'un bateaux ainsi que sur la navigation. J'ai eu l'impression de prendre la mer sur l'Orion avec tout l'équipage, je sentais presque les embruns du large.
Jean-Baptiste Clertant, frais émoulu de son école où il a appris les toutes dernières techniques de navigation, doit user de beaucoup de diplomatie à bord pour les faire connaître et accepter par les vieux briscards de la mer, attachés à leurs vieilles méthodes, et ceci sans se faire mal voir.
Ce qu'on apprend sur le statut des noirs au temps de l'esclavage est effarant, cruel, ignoble, indigne. Pourtant tout le début du roman est plutôt très agréable avec l'océan à perte de vue. Il y a une certaine légèreté à naviguer vers la Sénégambie et observer les rapports humains sur ce bateaux où il y a deux matelots noirs. On apprendra la raison de leur présence assez rapidement.
J'ai aussi appris beaucoup, avec consternation, sur l'histoire et la géopolitique de l'Afrique, que les Blancs ont saccagée et disloquée avec leur commerce ignoble d'êtres humains. Ils ont rompu l'équilibre qui y régnait, comme en attestent les récits de voyage de Ibn Battuta au XIVe siècle.
Hélas pour Jean-Baptiste, qui était un jeune homme de dix-huit ans enthousiaste et avenant, possédant une grande capacité d'émerveillement et d'empathie, la découverte de ce qu'est réellement la traite des esclaves lui laissera des failles à l'âme : "[...] il se trouve que ce sont les dernières lignes de ce journal, lequel s'interrompt ici, laissant ensuite autant de pages blanches que de jours de voyage restants. Car, par la suite, j'ai cessé d'écrire quoi que ce soit, n'en trouvant plus la force et ne sachant s'il existait des mots pour raconter ce que je voyais. Celui qui n'a jamais assisté à la manière dont s'effectue une traite négrière ne peut l'imaginer, et d'y participer, même passivement, me donna un sentiment de honte si grand que mon journal en resta muet pour toujours."
Dans ce roman on apprend comment à l'époque les marins calculaient la latitude, la longitude, la vitesse du bateau, la quantité d'eau à emporter, comment ils luttaient contre le scorbut, le rôle réel et complet du capitaine, mais aussi la façon atroce dont se faisait le commerce triangulaire ainsi que la façon dont fonctionnaient certaines sociétés africaines. C'est enrichissant et déchirant à la fois, effroyable souvent. Entre l'achat des esclaves, le "stockage" dans la cale, et la traversée, de la Sénégambie aux Caraïbes jusqu'à la vente, on touche du doigt l'abomination de ce trafic. Il y a cependant, au milieu de cette horreur, une belle histoire d'amitié, de générosité, de don de soi, un long chemin parcouru.
Cette histoire, extrêmement bien documentée, est un bout de l'histoire de l'humanité autant que le récit de quelques vies, à une époque où le monde occidental était beaucoup plus inacceptable que maintenant dans ses fondements, où certains humains, de par leur couleur de peau n'étaient pas considérés comme des humains mais comme de la marchandise. C'est cruel et totalement impitoyable et je me demande comment un pays dit civilisé et croyant à pu pratiquer cette ignominie.
J'ai aimé cette histoire qui mêle les aventures d'un marin et sa difficulté à faire face à l'horreur de l 'esclavage. Roman mixant l'histoire et l'insoutenable. Beaucoup d'émotions !
Ce roman historique nous fait suivre un jeune lieutenant de marine qui va pour la toute première fois naviguer pour faire du commerce. Ce roman se passe en 1777 en plein essor de l'esclavage et vous comprendrez donc vite de quel commerce il s'agit ... Ce jeune homme découvre alors avec effroi les conditions de cette traite négrière. Ce livre est instructif car son auteur s'est remarquablement documenté et renseigné pour ne nous épargner aucun détail de l'horreur vécue par les Noirs à cette époque. Il est intéressant car il montre l'évolution de ce jeune homme pur scientifique qui tente de comprendre comment on peut en arriver là . L'auteur ne se contente pas de décrire une situation horrible, il l'analyse aussi à travers ses personnages en expliquant par exemple les conséquences sur l'Afrique de cette traite, ou même la responsablité des états africains . Tel un historien l'auteur nous raconte les faits, tous les faits qui nous permettent de voir les choses dans leur ensemble. Bref un livre à lire car il ne faut pas oublier, ce n'était pas il y a si longtemps que ça !!!! Petit bémol cependant , j'ai été déçue par la fin que j'ai jugé trop romanesque par rapport au reste du livre... Sans pour autant le dénaturer, je vous rassure.
Jean-Baptiste, jeune homme frais émoulu de l'École d'hydrographie, 18 ans, va faire sa première expérience de travail sur un navire marchand.
Il va découvrir, lors de sa traversée pour les Antilles, la "marchandise" - les esclaves !
Nous redécouvrons cette ignoble négoce à travers les yeux de Jean-Baptiste, grâce à Olivier Merle qui nous refait visiter ses racines.
Une bonne idée de cadeau pour les étudiants et les ados qui veulent connaître un pan de notre histoire.
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