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Dites « Hénin-Liétard » (qui, aujourd'hui, a lâché « Liétard » pour se rebaptiser « Beaumont ») et tout de suite apparaît un gros point noir sur la carte du Nord. On y vit comme on y tousse, gras et rude, les jours s'y alignent comme des briques que cimente l'ennui et bétonne le mal-être, les heures s'y empilent comme des sous-bocks dans cette « contrée de corbeaux crevés », de l'« autre côté de la vie ». L'auteur de Marcher sur les bas-côtés a tapé juste en s'affublant de ce pseudo. Certaines vies ont des airs de bande d'arrêt d'urgence, d'auto-stop sous la pluie, ainsi va celle du narrateur, fils et petit-fils de mineurs silicosés, tubard lyrique et barde-né, mais qui vous conte, fort d'une langue triomphale et poisseuse, grouillante et baroque, sa destinée de « pauvre parmi les plus pauvres ». Une plume qui ne pleure pas misère mais transfigure à tout va, hurle sa hargne et baille avec sa gueule d'ogresse de géant de carnaval, un véritable Audiber(ch)ti qui nous peint au coutelas le western nordin : les Rocky locaux et les fleurs de terrils, les bonnes soeurs et les combats de coqs, Max et Johnny, Zigzag et son Babouin de père, les dérapades et les p'tites combines, les écluses à bière et les bunkers du samedi soir. Alors notre drille, qui ne rimbaldise pas et redoute la route, s'en va finir sur la selle et sous une casquette de contrôleur des robinets. Le voilà lancé dans le relevage des compteurs et la chasse à l'abonné récalcitrant. Marcher sur les bas-côtés : une odyssée en zigzag.
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