Emile Malespine créa Manomètre en utilisant symboliquement un terme scientifique pour mesurer la pensée et mettre la technique au service de l'imagination créatrice qui prend le pouvoir. Ce précurseur cherchait la synthèse de toutes les activités humaines. Sa curiosité infinie lui fera accueillir dans sa revue toutes les tendances, aussi bien politiques que littéraires. C'est pourquoi cet homme qui avait l'esprit universel de l'humanisme de. la Renaissance ne pourra rester longtemps un fidèle de l'Église stalinienne, et il faudra l'âge et la maladie pour qu'il retourne vers l'Église vaticane, oubliant sa brouille de jeunesse avec toute forme de foi.
Manomètre est, comme son directeur, un lieu à la fois de création totale et de rupture. La raillerie du cubisme et des théories de Pavlov dans le Nombril noir prouve que rien n'échappait à son sens critique. Tout pouvait être mis en doute, tout pouvait être tourné en dérision, science ou création esthétique. Pourtant, le poème écrit ou peint trouvait grâce à ses yeux, parce que chaque vers, chaque toile lui paraissait une remise en question du monde. Manomètre constate que la pression de l'esprit fait sauter tous les ressorts de l'univers et suggère par là qu'il est des déclenchements secrets, des pulsions nouvelles qui nous restent à mettre au jour dans des fouilles qui nous occuperont au moins jusqu'à la fin de notre espèce bizarre.
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