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« Le pacte que j'avais signé m'avait donc donné le pouvoir de me débarrasser de ce qui m'encombrait le plus. Encore fallait-il avoir une conscience précise de ce qui m'avait, jusque-là, gâché la vie.
Que de fardeaux transportés à longueur d'années sans le savoir, parfois même en finissant par aimer ses bourreaux et les causes de ses malheurs !
Il fallait bien y réfléchir, car le temps pourrait venir à me manquer, et choisir, sans me tromper, ce que je pourrais corriger, sélectionner ce que j'avais le plus envie de jeter par-dessus bord ».
Dans ce dix-neuvième livre, Ma vie sans moi, roman, Nathalie Rheims s'abandonne plus que jamais, et poursuit la démarche entreprise dans Laisser les cendres s'envoler (2014) et Place Colette (2016), ses deux derniers romans publiés aux Éditions Léo Scheer.
Nathalie Rheims fait partie de cette catégorie d'auteurs susceptibles de provoquer un rejet, ou un sentiment de dérision teinté d’une compassion ironique : la fille des beaux quartiers se raconte encore …Pourtant, dans les deux précédents romans Laisser les cendres s’envoler et Place Colette, il n’y avait guère de place prépondérante pour la superficialité ou la pure frivolité .Dans le premier récit, c'était l’absence d’une mère partie du foyer très tôt, que décrivait Nathalie Rheims .Le second roman, s’attachait, lui, à la description d'un amour juvénile, une passion initiatique à l’amour avec un homme bien plus âgé que l'héroïne .
Dans Ma vie sans moi, l’auteure aborde un vieux rêve humain : recommencer sa vie, en produire une nouvelle version, en évitant autant que faire se peut les erreurs et errements de la première vie .Cette exploration d’une deuxième vie commence après que l’intéressée a été anesthésiée lors d’une opération dans un cabinet dentaire. Le chirurgien se nomme Mithridate, ce qui laisse supposer que la narratrice va s’accoutumer aux poisons qu’il instille dans son organisme …Chaque chapitre du roman est illustré en préambule par des vers du poète Armand Robin, vers tirés de Ma vie sans moi.
Pourtant, Nathalie Rheims ne parvient pas à « refaire sa vie », à lui imprimer un cours vraiment différent de l’ancien. Ainsi l’auteure nous décrit-elle sa rencontre avec le critique Michel Delorme, à l’origine de la publication de son premier roman L’un pour l’autre, mais les deux vies se ressemblent : « Dans cette circonstance, j’avais quelque avantage sur lui. Je savais en particulier qu’il serait treize ans plus tard, membre du jury du prix Goncourt. N’était-ce pas l’enjeu principal de mon voyage dans le temps, de devenir celle qui finirait par décrocher le prix ? »
Mais cette remontée du temps aboutit également à une crainte inédite, celle de voir sa fille de cette mère incertaine, devenir sa concurrente littéraire : « Elle ferait la couverture de Télérama, des Inrocks, la quatrième de Libération .J’étais dégoûtée .Elle volait ma place. » la fin du récit est marquée par des interrogations multiples, sur la mort, sur Dieu, sur les mécanismes de la vie mais ces choses dépassent l’auteure de son propre aveu .Elle renonce à modifier son existence et se réveille à l’issue de l'opération qui est terminée . Est-ce un avertissement amical pour ceux qui seraient tentés malgré tout de repartir de zéro ? Au public de trancher…
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