D'abord, il y a Émeline, son amputation, puis il y a Jérôme qui suit les femmes dans la rue. Deux patients d'Anna Deltour, neuropsychiatre de renom. Dans une sorte de huis clos, les trois destins d'Émeline, de Jérôme et d'Anna se rencontrent jusqu'à faire remonter l'histoire de chacun. Jusqu'à ce que la psychiatre aguerrie dont le couple se délite plonge dans son propre passé. Celui de ses racines inconnues et que la trinité de femmes modestes qui l'ont élevée a voulu garder secrètes.
Dans sa maison désertée par les enfants, Anna Deltour tâtonne et s’interroge.
Anna est neuropsychiatre et le couple qu’elle forme avec Paul son mari, médecin généraliste, se délite doucement. Elle va donc s’attacher plus que de raison à deux de ses patients. Il y a d’abord Emeline, une patiente perdue de vue et qui revient après un terrible accident qui l’a privée d’un bras et d’une jambe. Grâce à la présence réconfortante d’Anna, Emeline va retrouver ses pinceaux et apprendre à peindre de la main gauche. Elle va mieux malgré ses membres fantômes, et c’est là qu’Anna ressent des engourdissements « Mes muscles se tétanisent, mon corps fourmille et devient pesant. Serait-ce une forme de contagion émotionnelle ? »
Á travers l’histoire d’Emeline, la neuropsychiatre va devoir faire face à cette culpabilité qu’elle traine depuis son enfance.
« Qui suis-je maintenant quand, avec Emeline, ma patiente, je dérive pour retrouver mon propre rivage ? »
Jérôme Duroy, le second patient, est un homme séduisant qui suit les femmes dans la rue. Ses difficultés vont mettre à nu les failles d’Anna qui a également chassé Raïjha, sa femme de ménage. Pourquoi ? Anna s’interroge, encore, et se penche sur ce passé et sur ses origines trop semblables à celles de l’employée « honteusement congédiée. »
Anna est si seule dans sa vie. « Bon sang, je suis thérapeute et n’ai personne pour m’écouter ! » Elle devra démêler les fils de son histoire, faire remonter les secrets, et c’est avec patience, résilience et douleur qu’elle va poursuivre sa quête pour recouvrer sa « part entière de soleil ».
Sans pathos et avec une belle sensibilité, Sandrine Vermot-Desroches nous entraîne dans le sillage de ses personnages. Elle a su donner corps à ses héroïnes qui font de leur faiblesse une force et leur sincérité, leur profonde humanité, nous touchent.
Le livre refermé, j’ai longtemps été hantée par le personnage singulier d’Emeline et celui, complexe et séduisant, d’Anna.
Animé par une écriture subtile et ciselée, ce roman nous convie à un voyage intime et profondément humain que je vous invite à entreprendre.
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