"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À qui est l'enfant ? A Lagos, durant la pandémie de 2020, un homme est confiné avec un bébé et deux femmes qui clament chacune être la mère du petit. En l'absence du père, l'homme va tenter seul d'éclaircir la situation. Mais des événements sèment le trouble : sable dans le riz, sang jeté sur les murs, maison qui paraît envoûtée : la situation familiale compliquée prend des tours très inquiétants.
On retrouve dans L'Une ou l'autre l'écriture divertissante et maitrisée de Braithwaite, un art certain du détournement et un humour décalé.
J'avais lu et apprécié le précédent livre de cette auteure et voici une occasion de continuer à la lire. J'ai moins été emballée par celui ci. j'avais aimé l'univers un peu policier du précédent et des relations entre les personnages.
Cette fois, nous sommes en plein confinement Covid et croyant pouvoir profiter d'une relation à deux tranquille, un homme est "foutu" dehors par cette nouvelle amoureuse. il faut dire qu'i est un peu coureur. Il va alors se réfugier chez sa tante, veuve et mère d'un bébé. Il découvre aussi dans la maison l'ancienne maîtresse de son oncle.
Va se tramer une relation à trois, quatre avec le charmant bébé. Avec des relations tendues, étranges entre ces deux femmes qui se revendiquent mère de l'enfant, entre ces deux femmes et ce jeune neveu. Ce huis clos, dans cette étrange maison, avec d'étranges phénomènes ne m'a pas tant surprise que le précédent.
En tout cas, l'auteure fait un portrait sans concession des hommes de son pays, que ce soit ce jeune neveu, ou le vieil oncle. Les femmes s'entre "dévorent" se lient..
Elle nous donne un aperçu de la société nigériane, des rapports entre les hommes et les femmes.
Quelques moments d'humour, de dérision mais cela ne m'a pas emballée. En attente du prochain livre de cette auteure et de la prochaine adaptation de son premier.
#LUneoulautre #NetGalleyFrance
Il faut dire que le résumé des Éditions « Huis clos moderne, réinvention grinçante du jugement de Salomon, L’Une ou l’autre nous offre un moment de lecture intense et réjouissant grâce à l’écriture maîtrisée d’Oyinkan Braithwaite » me semblait très tentant, je ne me suis pas trompée.
C’est un roman assez court, qui se lit pratiquement d’une traite. Avec un coup d’envoi en fanfare avec aveu d’infidélité, rupture, covid et confinement : à Lagos, deuxième plus grande ville d’Afrique, après une dispute, Bambi, jeune homme de 28 ans, se fait jeter hors de l’appartement de sa compagne. Totalement démuni, il se rend chez sa tante, la femme de son oncle défunt, dans la maison de feu son grand-père, pour passer ces jours de confinement, hors du temps. Il y découvre sa tante Bidemi, accompagnée de son fils, un nourrisson, et avec pour sa plus grande surprise, Esohe qui n’est autre que la maîtresse de l’oncle décédé. D’emblée, on se doute bien que les choses ne peuvent pas bien se passer, d’autant plus que le confinement oblige la cohabitation contrainte et forcée de personnes qui ne se connaissent pas réellement, et s’entendent encore moins, où un enfant vit son existence de nourrisson, où les nerfs de chacun sont mis à rude épreuve par une proximité inédite et étouffante. La tension va monter de quelques crans lorsque l’une et l’autre femme vont chacune se réclamer de la maternité de l’enfant, ce qui va pousser l’homme dans ses retranchements.
Le récit presque léger au début, celui d’un homme immature, qui papillonne et arrive chez la veuve de son oncle, sans même prévenir, sans même s’inquiéter de savoir s’il va déranger, sans même savoir qu’il a un neveu, va prendre une profondeur insoupçonnable : au conflit complexe et malsain qui oppose les deux femmes, l’officielle et l’officieuse, l’homme va peu à peu se glisser dans une autre peau, celle d’un homme responsable, celle d’un père de famille, l’individu stable de la maisonnée qui devra prendre les décisions et protéger l’enfant, s’en occuper la nuit comme s’il était le sien, comme s’il avait toujours fait ça. L’adolescent insouciant se transforme en un père de famille responsable à travers le conflit de cette maternité disputée. C’est là où ce huis clôt devient intéressant, lorsque la sensation de malaise s’intensifie peu à peu jusqu’à qu’il n’y ait pas d’autres solutions qu’un affrontement frontal pour tenter de mettre fin à la situation.
Bambi ne sait pas vraiment dans quoi il met les pieds, même s’il le comprend vite dans l’air saturé des couches de poussière qui se sont accumulées et des tensions qu’il ne manque pas de ressentir. Le covid est une sorte d’agent, qui tue, isole et pousse chacun dans leurs retranchements, trois fauves en cage, et un bébé au milieu : la paix et le confort de l’ancien foyer de Bambi auprès de sa compagne Mide deviennent vite un beau et agréable souvenir au milieu des deux femmes, en colère et pleine d’agressivité. Le secret que partage les deux femmes, à savoir la réelle maternité de l’enfant, se prolonge, l’auteure s’est décidée à poursuivre cette ambivalence jusque-là toute fin du roman, puisque c’est le nœud de l’intrigue. Cela pourrait apparaître fantaisiste, cette façon de se disputer la maternité, car autant pour la paternité, il peut toujours avoir un doute, autant en ce qui concerne la mère, les choses sont plus claires, une grossesse se feint difficilement, un accouchement encore plus. Mais Bambi, peu ouvert et intéressé par son entourage, à peine vu sa tante enceinte. Et s’il cherche à dénouer la situation, jusqu’à penser à faire un test de maternité, ce sont tous les non-dits qu’il finira par mettre à jour, le long processus de la délivrance, de la vérité, et de l’homme nouveau, mature, qu’il est devenu. Et bien davantage, encore.
Huis clôt à Lagos qui évolue dans une direction dont on a bien du mal à se douter dès l’arrivée de Bambi dans la vieille maison, qui va changer sa vie du tout au tout : ce n’est pas le même qui va franchir le seuil pour retrouver sa compagne, qui a d’ailleurs le bon mot pour conclure cette histoire » – Pour l’amour du ciel, Bambi ! Tu n’es parti qu’une semaine… ». Il semblerait bien que l’on retrouve l’humour noir et la causticité qui avaient régalé les lecteurs de son premier roman Ma sœur, serial killeuse.
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