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Le matérialisme, à strictement parler, est la thèse selon laquelle il n'y a que la matière qui suffit pour tout expliquer, sans avoir recours à tout autre substance immatérielle, comme Dieu ou l'âme. Une telle position implique-t-elle des conceptions morales et politiques particulières ? Rien n'est moins sûr. Pourtant, dès les lendemains de la Révolution, les penseurs réactionnaires ont vu dans les Lumières et leur versant matérialiste la source d'un renversement moral et politique qu'ils réprouvaient. Au point que Barbey d'Aurevilly s'exclamera : « Diderot, lui, eût été ardemment révolutionnaire » - ce qui n'était certes pas un éloge !
Qu'en est-il en réalité de ce nouage entre les positions des Lumières, relatives à l'explication de la nature et de l'homme, et une philosophie morale et politique ? Les études ici réunies explorent différentes facettes de cette question, chez les penseurs matérialistes eux-mêmes comme dans le regard que la postérité a jeté sur eux.
Ces études sont suivies par un essai inédit de Jean-Claude Bourdin : « Diderot, la morale et les limites de la philosophie ».
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